Le calvaire des réfugiés centrafricains au Cameroun
20 janvier 2021Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, dont la réélection pour un second mandat vient d'être validée par la Cour constitutionnelle, a appelé en début de semaine "à la réconciliation nationale (...) afin de sortir le pays du cercle vicieux des violences et des destructions".
Un appel au moment où les civils continuent de souffrir dans tout le pays, après notamment les attaques rebelles à répétition et la tentative de prise de Bangui.
Près de 60.000 personnes ont déjà fui les affrontements dans le pays.
Des femmes, des enfants, des hommes aussi, qui trouvent refuge en RDC, au Congo ou encore au Cameroun. Depuis décembre, plus de 60.000 personnes ont fui les violences en RCA selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Des traumatismes psychologiques
À Garoua-Boulaï, ville frontalière située au Cameroun, ces réfugiés centrafricains affluent chaque jour. Ils sont déjà plus de 5.000.
Ici ce sont majoritairement des femmes et des enfants qui arrivent, et vont s'entasser dans le camp de Gado-Badzéré, à quelques kilomètres. Parmi eux : Yawe Nassi Libanga et son époux, arrivés à Gado il y a quelques jours, encore sous le choc des violences à Bouar.
"Les rebelles sont arrivés, ils ont commencé à tirer partout, les gens sont morts, ils ont brûlé les maisons", raconte Yawe Nassi Libanga. "On a fait trois jours de marche dans la forêt jusqu'à Garoua-Boulaï".
Saturation des capacités d'accueil
Grâce au concours de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, près de 300 abris ont été construits dans l'urgence il y a trois mois. Mais cela ne suffit pas.
"Si l'hémorragie continue, le gouvernement devra nous accorder d'autres sites pour ceux qui viendront", confie Maurice Moussouravi, le chef de bureau du HCR de Meiganga. "Le site où nous sommes actuellement est prévu pour 26.000 personnes et là nous en sommes presque à 27.500. Si ça continue, le site sera saturé."
Les organismes internationaux mobilisés commencent à manquer de ressources pour prendre en charge ces réfugiés. D'autant que leur nombre pourrait doubler dans les prochains jours.
"Cette crise n'épargne pas les agences du système des Nations unies comme le PAM, le HCR, l'Unicef", admet Maurice Moussouravi. "Nous dépendons tous des donateurs. Et actuellement, la crise fait que nous sommes en dessous de nos standards."
Il cite le Programme alimentaire mondiale qui a fourni des vivres pour 30 jours, mais ne sait comment cela se passera ensuite. "C'est valable pour l'Unicef et le HCR. Nous avons besoin des fonds pour que nous puissions jouer notre rôle de protection et d'assistance."
Lire aussi → La paix, à manger... les besoins des déplacés de Bouar
Si le conflit en Centrafrique perdure, beaucoup craignent ainsi que ces structures d'accueil ne soient plus en mesure d'apporter une assistance conséquente à ces milliers de réfugiés qui arrivent chaque jour au Cameroun.