Le calvaire des travailleuses du sexe au Cameroun
18 novembre 2022Face à l’augmentation des cas de violences basées sur le genre, l'ONG Horizon femmes a lancé un plaidoyer en direction des forces de l'ordre mais aussi des leaders communautaires qui sont souvent les auteurs de ces violences.
Les conditions de vie des travailleuses du sexe au Cameroun se dégradent chaque jour à cause de la clandestinité de leurs activités. Viols, stigmatisation ou escroqueries sont le quotidien de ces femmes.
Des abus de tout genre
Les forces de l'ordre ne sont souvent d’aucun secours. Pire encore, les agents de police sont accusés de violenter ces femmes ou de profiter de leur autorité pour leur imposer des rapports sexuels.
"Nous subissons beaucoup de violence des policiers. Quand le policier te trouve dans un couloir avec un client, il t'embarque. En route c'est pareil, il y a des fois où le policier demande de le payer en nature", a confié Sandrine qui a voulu préserver son identité.
Ces violences sont très peu dénoncées à cause de la pénalisation de la prostitution. La loi camerounaise prévoit en effet une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende de 20.000 à 500.000 francs CFA pour le délit de racolage.
Et certains policiers profitent de cette précarité pour abuser de ces femmes.
Ambroise Atangana est le chef de bloc d'un quartier de la capitale. Il a très souvent dû gérer les problèmes que rencontrent les travailleuses du sexe de sa localité.
"Les leaders communautaires que nous sommes avons notre part de responsabilité. Ces filles-là viennent dans nos quartiers et nous les menaçons verbalement, nous les violons, nous les mettons parfois même enceintes et refusons de reconnaître les enfants quand ils naissent. S'agissant des forces de maintien de l'ordre, c'est une hécatombe", a révélé Ambroise Atangana.
Des actions de sensibilisation
Face aux drames que vivent ces femmes et aux violences qu’elles endurent, des actions de sensibilisation ont été initiées par l'association Horizons femmes pour garantir de meilleures conditions de vie et de travail.
Mais l’ONG est accusée d’encourager la prostitution.
"Nous sommes en train de mener des actions citoyennes, nous ne faisons pas la promotion du travail du sexe mais en tant qu'organisation de défense des droits des femmes, nous avons le devoir de protéger la femme quel que soit l'endroit où elle se trouve. C'est pour ça que nous menons ce plaidoyer", a expliqué Carole Toche, directrice des programmes à Horizons femmes.
Grâce à cette approche communautaire, l'association Horizons femmes entend ainsi impliquer les forces de l'ordre et les leaders communautaires afin que ceux-ci cessent d’abuser ou de violenter les travailleuses du sexe au Cameroun.