Le difficile accueil des enfants de djihadistes
9 janvier 2018Les autorités allemandes estiment à une cinquantaine le nombre de femmes rentrées d'Irak et de Syrie. Chacune avec au moins un enfant, la plupart en bas âge. Selon le ministère de l'Intérieur, une centaine d'enfants de djihadistes devraient être rapatriés. Au sein de l'opinion publique allemande, nombreux sont ceux qui estiment qu'il faut retirer leurs enfants à ces épouses de djihadistes.
Mais ce n'est pas aussi facile, selon Nora Fritzsche, responsable de la prévention de la radicalisation au sein de l'AJS, un groupe de travail pour la protection de l'enfance et de la jeunesse.
"Ce qui est déterminant, c'est de savoir si le bien-être de l'enfant est en danger, et non ce que pensent les parents", explique-t-elle. "Et c'est difficile pour les services d'aide à l'enfance car ils voient bien que les enfants ne grandissent pas dans de bonnes conditions", ajoute-t-elle.
Épouses mais pas terroristes
Le fait que les parents soient criminels n'entraîne pas automatiquement un danger pour les enfants. Les tribunaux allemands sont d'ailleurs cléments avec les épouses de djihadistes, estimant que la simple présence de ces femmes dans les rangs de Daech ne les rend pas coupables d'appartenance à une organisation terroriste.
Contrairement aux hommes, elles n'ont en effet pas dû prononcer allégeance à l'organisation.
Une nouvelle génération pour Daech ?
L'Office fédéral de protection de la Constitution voit les choses autrement: en octobre, il avait prévenu du danger représenté par les enfants de djihadistes, éduqués selon l'idéologie terroriste et risquant de constituer une nouvelle génération de combattants.
Le chef des renseignements avait cité comme exemple trois attentats commis en Allemagne en 2016 par des mineurs endoctrinés. Mais pour Thomas Mücke, du Réseau de prévention de la violence (Violence Prevention Network) l'avenir des enfants de djihadistes dépend beaucoup de la manière dont la société les considère. Selon lui, "les enfants ne sont pas responsables de ce qui leur est arrivé. Si on les range dès le début au rang de monstres en disant qu'ils présentent un risque potentiel pour une nouvelle génération radicale, cela ne favorise certainement pas leur développement."
Selon le gouvernement allemand, plus de 960 islamistes sont partis rejoindre le groupe État islamique en Syrie et en Irak depuis 2012, dont un cinquième étaient des femmes, aujourd'hui devenues mères.