Accra et Abidjan veulent plus d'argent pour leur cacao
13 juin 2019Les pays africains producteurs de cacao souhaitent réduire leur trop grande dépendance vis-à-vis des fluctuations du prix du kilo de fèves sur le marché international.
Abidjan et Accra, qui assurent à eux seuls 75 % de la production mondiale des fèves de cacao, ont donc décidé de suspendre leur vente de cacao et exigent un prix minimum de 2.600 dollars la tonne afin de mieux rémunérer les producteurs.
"Face aux enjeux environnementaux et sociaux, notre responsabilité est aussi d'adresser la problématique du maintien de l'intérêt des producteurs pour la culture du cacao. Pour convenir avec nous que celle-ci est étroitement liée à un revenu décent des producteurs", a déclaré Yves Brahima Koné, le directeur général du Conseil café-cacao de Côte d'Ivoire.
Cette décision, qui a entraîné une hausse des prix du cacao à 2.552 dollars la tonne à New York, est saluée par l'économiste Mori Diané, vice-président du Cabinet de conseils AMEX International.
"Si la Côte d'Ivoire et le Ghana sont en mesure de négocier les prix de base de la fève à un prix plus élevé, cela va certainement profiter à l'Etat bien sûr - à cause des impositions fiscales mais aussi certainement aux propriétaires des champs de cacao, les agriculteurs eux-mêmes. En associant ces deux grands producteurs dans un seul groupe, ils auront une capacité de négociation qui sera beaucoup plus forte que quand ils vont individuellement sur le marché"
Sur les 100 milliards de dollars que représente le marché mondial du chocolat, seuls six milliards reviennent aux agriculteurs. Ceux-ci vivent mal de leur activité comme l'explique Johnson Mensah, producteur de cacao ghanéen.
"Le prix des fèves pour le producteur diminue tandis que le prix du chocolat continue d’augmenter. Nous les producteurs, nous souffrons."
Mais Michel Arrion, le directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), a émis des doutes sur la portée de cette mesure.
Selon lui, "la hausse du prix sur le marché mondial n'ira pas forcément dans la poche des producteurs", qui vivent dans une "pauvreté extrême".