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Le kobolo, drogue à la mode chez les jeunes Gabonais

Gérauds Wilfried Obangome
20 février 2018

Très prisés des jeunes Gabonais, les antidouleurs mélangés à l'alcool sont à l'origine de comportements déviants chez les jeunes gabonais. Une "mode" nouvelle qui inquiète les médecins.

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Libreville Zentrum
Image : picture-alliance/dpa

Dans la cour d'un lycée de Libreville, un groupe d'élèves chante à la sortie des cours un titre très célèbre ici : les kobolos. L'expression argotique désigne le tramadol, un antalgique de niveau deux.

Une "gangrène" devenue un véritable fléau en une année. La consommation de cet emblématique médicament antidouleur, souvent associé à de l'alcool, fait fureur dans les écoles au Gabon. Une nouvelle drogue surnommée donc "kobolo" par la jeunesse des quartiers de Libreville. 

Si la consommation commence parfois très jeune, les médecins sont catégoriques : le cocktail médicament et alcool est très dangereux. 

"Vu l'efficacité du tramadol sur la douleur, lorsqu'il est pris hors de son contexte il va entrainer plusieurs effets secondaires, notamment une dépression du système nerveux central, un changement d'humeur, des nervosités ou une agressivité", explique le docteur Euphrem Mbou, neurochirurgien.

Selon lui le médicament entrainerait également une dépendance. "C'est pourquoi ce fléau, lié à l'usage non conforme du tramadol ou du kobolo, doit être proscrit."

Agressions physiques

Dans les cours de récréations des lycées et collèges, la drogue star est bien connue.

"C'est une substance qui a des effets néfastes. Elle peut engendrer des querelles, jusqu'à des agressions physiques qui ne devraient pas exister en milieu scolaire ni même dans la société", raconte Amvene Juvence Christopher, élève en première économique au collège Dominique Savio.

Libreville La Baie des Cochons
Image : Getty Images/AFP/Desirey Minkoh

Aujourd'hui, une sorte d'éloge est fait de cette nouvelle drogue des "goudronniers" : une nouvelle classe de délinquants, pour la plupart issus de bidonvilles de Libreville, dont l'appartenance est de plus en plus revendiquée par certains membres sur les réseaux sociaux.

Mais les parents s'inquiètent. "Cette drogue est accessible à tous les jeunes. En plus il y a des chansons qui valorisent l'utilisation de ces drogues et le gouvernement reste muet face à cela", déplore  Marion Barro, parent d’élève."Tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la consommation du kobolo devrait être censuré."

Le tramadol ou kobolo est présenté par les délinquants comme une substance rendant son consommateur insensible et invincible. Un phénomène que les autorités gabonaises pour leur part semblent totalement méconnaître.