Le MNLA et Ansar Dine proclament un "État islamique" de l'Azawad
27 mai 2012L'accord dévoilé samedi (26 mai 2012) indique que les deux groupes proclament leur auto-dissolution et créent le Conseil transitoire de l'État islamique de l'Azawad. Dans le document dont l'Agence France Presse a eu connaissance, on peut lire : "Nous sommes tous pour l'indépendance de l'Azawad", "nous acceptons tous l'islam comme religion", le Coran et la Sunna sont "la source du droit".
Ce rapprochement surprend, alors que le MNLA affirmait jusqu'à présent vouloir établir un État laïc dans l'Azawad. Le mouvement avait d'ailleurs proclamé unilatéralement l'indépendance de la région le 6 avril dernier, après la perte de contrôle des autorités de Bamako sur la partie nord du pays. Ansar Dine, de son côté, ne cachait pas sa volonté d'installer un État islamique sur l'ensemble du territoire du Mali. C'est cette dernière option qui s'est finalement imposée, au moins partiellement.
Lors des combats qui ont permis aux différents groupes rebelles de prendre le contrôle de la partie nord du Mali, les rapports de forces entre islamistes et rebelles touaregs semblaient pencher nettement à l'avantage des premiers, avec un rôle non négligeable joué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Rejet catégorique de Bamako
Cet accord est conclu alors que les principaux responsables d'Ansar Dine et d'Aqmi sont réunis depuis jeudi à Tombouctou pour évoquer leurs relations futures. Le chef d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel avait conseillé cette semaine à ses combattants du nord du Mali d'imposer "graduellement" la charia pour y réussir la création d'un État islamique.
Les autorités de transition, à Bamako, n'ont cessé d'affirmer leur volonté de restaurer l'intégrité territoriale du Mali. Une perspective qui semble de plus en plus lointaine, compte tenu de la faiblesse actuelle du gouvernement mené par Cheick Modibo Diarra, du rôle ambigu joué par le chef de l'ancienne junte, le capitaine Amadou Sanogo, et de ce rapprochement entre le MNLA et Ansar Dine.
Le gouvernement de transition a réagi par la voix de son porte-parole Hamadoun Touré, qui affirme : « Le gouvernement du Mali rejette catégoriquement toute idée de création d'un État de l'Azawad, encore plus d'un État islamique. »
Auteur : Sébastien Martineau (avec AFP, Reuters, DPA)
Édition : Mulay Abdel Aziz