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Le président du consensus

21 février 2012

En Une des journaux : Joachim Gauck, désigné pour prendre la succession du président Christian Wulff après sa démission la semaine dernière. L'ancien pasteur avait déjà été proposé en 2010 pour succéder à Horst Köhler.

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Image : dapd

« L'Allemagne se réjouit de Joachim Gauck », titre Die Welt. De part et d'autre de l'échiquier politique, rapporte le quotidien, les réactions sont positives. Seule l'extrême-gauche s'indigne : pour Die Linke, Joachim Gauck est un « candidat des cœurs froids » et un « défenseur du capitalisme financier ». Ce qui réjouit Die Welt, c'est que pour la première fois, le futur président n'appartient à aucun parti politique. La nomination de Gauck montre que, contrairement aux idées reçues, ce n'est pas toujours la cuisine politique qui dicte les choix.

La nomination de Joachim Gauck a fait des dégâts au sein de la coalition gouvernementale, rapporte la Süddeutsche Zeitung. Il aura fallu de longues heures de négociations entre conservateurs et libéraux pour arriver à ce choix. Finalement, Angela Merkel a cédé. La chancelière a accordé au peuple le président souhaité par la majorité, mais surtout, elle a cédé aux pressions de ses partenaires libéraux. Après un tel week-end, comment la coalition peut-elle encore prétendre à gouverner le pays ?

Joachim Gauck et sa compagne Daniela Schadt, future première dame
Joachim Gauck et sa compagne Daniela Schadt, future première dameImage : picture-alliance/dpa

Il n'était pas facile pour les partis conservateurs d'accepter ce candidat du consensus, précise la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car en l'approuvant, le camp d'Angela Merkel reconnaît implicitement son « erreur » de casting en juin 2010, une erreur à mettre entre guillemets car personne n'aurait pu prévoir les circonstances du départ de Christian Wulff. Les écologistes et les sociaux-démocrates, dont Joachim Gauck était le candidat il y a un an et demi, sont comblés. Mais ils vont vite se rendre compte, prévient la FAZ, que l'hymne à la liberté chanté par le futur président n'est pas un hymne à l'égalité. Et que ses appels à l'engagement citoyen couplés à un rejet du désordre ont des fondements conservateurs.

Philipp Rösler, chef du parti libéral FDP, a imposé Gauck à la chancelière
Philipp Rösler, chef du parti libéral FDP, a imposé Gauck à la chancelièreImage : picture-alliance/dpa

Un avis que partage die tageszeitung : pour le SPD et les Verts, c'est une victoire à la Pyrrhus. Car la notion de liberté défendue par le futur président est plus proche de celle des libéraux que de la leur. Joachim Gauck est peut-être le candidat de la grande coalition et des médias, mais les militants citoyens, les immigrés et les activistes de base sont moins enthousiastes. Ce président, prédit le journal, va diviser le pays au lieu de le réconcilier.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Konstanze von Kotze