Le Sénégal autorise le rapatriement des morts du Coronavirus
12 mai 2020Dans le 18e arrondissement de Paris, les Sénégalais qui vivent et travaillent dans le quartier de la Goutte-d'Or éprouvent un soulagement après la décision du président Macky Sall de lever l'interdiction de rapatriement des corps. Ibou Couly est consultant en informatique, en France depuis 20 ans.
"C’est un grand soulagement. En fait, ce qui se jouait, c’était un drame. Le fait de ne pas accéder à un corps et de vivre le deuil de façon aussi lointain, pour moi, cela prolonge encore la douleur. Cela rend presque éternelle cette douleur. On a souvent des cimetières familiaux où les gens reposent dans le même carré. Et le fait de les disperser dans un pays lointain comme la France, les gens en éprouvent un traumatisme. C’est une décision que nous saluons, qui respecte la dignité des familles endeuillées."
Constitué de représentants de la diaspora, le Collectif pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés de la Covid-19 chiffre à environ 80 le nombre de Sénégalais qui ont succombé à l'étranger, dont une cinquantaine rien qu'en France.
Aujourd'hui, les familles vont pouvoir se procurer les laissez-passer mortuaires pour le rapatriement des corps, explique Seydina Omar Ba, coordonnateur en France du collectif :
"Des familles peuvent aller au consulat de leur lieu de résidence pour demander le laissez-passer et cela va leur être donné. C’est la seule chose qu’on demandait à l’Etat du Sénégal. Les dossiers sont complets, c’est-à-dire que toutes les autorisations sont données au niveau du pays d’accueil, en l’occurrence la France. Une fois que le laissez-passer est donné le transport peut se faire le plus normalement du monde. J'ai eu un des membres fondateurs du collectif qui a perdu son père, qui dit que peut être samedi, son père pourra aller au pays."
Le collectif demande également à l'Etat sénégalais de prendre en charge une partie des frais de rapatriement des corps.
Selon Seydina Omar Ba, des familles sont confrontées à des difficultés financières parce qu'elles ont gardé les corps dans des funérariums durant plusieurs semaines. Et cela à un coût : environ 50 euros par jour en fonction des établissements, selon nos informations.