Le travail des enfants, un phénomène qui perdure au Togo
12 juin 2018Il est 8 heures du matin, avec son panier chargé de bouteille de jus fait maison, Félicité arpente les ruelles du marché aux fruits "Le Togo", en quête de clients. A neuf ans, elle a dû arrêter l’école puis quitter ses parents pour être placée chez l’une de ses tantes, commerçante à Lomé.
"Je vivais avec mon père et c’est lui qui m’a dit de venir à Lomé travailler. Chez mon père je vendais des biscuits pour avoir un peu d’argent et payer mes fourniture scolaires" explique t'elle.
Kafui, 13 ans, vend de l’igname avec sa patronne dans le marché d’Ahanoukopé. Elle aussi a abandonné l’école au niveau primaire par manque de moyens financiers.
"Je résidais avec mon père à Atakpamé avant de venir à Lomé chez ma tante. Elle avait besoin de quelqu'un pour l’aider et c’est là où mon père m'a dit de la rejoindre et c’est ce que j'ai fais" précise Kafui.
Le phénomène des enfants placés est très courant à Lomé. En majorité des filles, ces enfants sont exploités soit comme ménagères ou aide commerçantes dans les marchés. Une pratiques que leur parents cautionnent avec comme excuse le manque de moyens financiers.
Un centre pour aider les enfants
A Lomé, la capitale togolaise, un centre aide les enfants exploités dans des familles d'accueil en leur fournissant notamment une scolarité. Le Centre Kekeli, un foyer d’accueil qui s’occupe des enfants travailleurs et victimes de violences sexuelles. C’est là que Félicité et Kafui viennent se réfugier le temps d’une pause.
Pauline est une des éducatrices du centre explique: "A midi comme c’est un moment où les femmes n’ont pas trop d’activité, ou bien pas beaucoup à vendre, donc pendant cette période de 12h à 14h on récupère ces enfants. Les enfants viennent ici, c’est comme si c’est une pause que ces enfants font. Ils viennent au centre, on leur apprend a écrire, à connaitre les bases et aussi à s’amuser. On leur apprend des leçons de vie. Quand tu te réveilles qu’est ce qu’il faut faire ? Quand tu es devant une grande personne qu’est ce qu’il faut faire?" Privées d’une enfance normale, c’est grâce à ce centre que Félicité et Kafui se rappellent qu’elles ne sont des enfants après tout.