Les 100 premiers jours de Dlamini-Zuma
22 janvier 2013C’est au titre de présidente de la Commission de l'UA que Nkosazana Dlamini-Zuma ancienne chef de la diplomatie sud-africaine dirigera les discussions du sommet de l’UA qui se tient cette semaine à Addis Abeba. En dépit des reproches fréquents formulés à l’encontre de l’Union africaine, qui peine à réagir rapidement aux bouleversements du continent, la cote de popularité de Dlamini-Zuma semble au beau fixe. Retour sur les 100 premiers jours d’une présidence mouvementée.
Une longue expérience diplomatique
A 63 ans et avec des années d’expérience en politique, Nkosazana Dlamini-Zuma est familière de la chose diplomatique. La désignation d’une Sud-Africaine, ex-épouse, qui plus est, du président Jacob Zuma, a certes fait grincer quelques dents, notamment en Afrique francophone. Mais de nombreux observateurs saluent désormais son pragmatisme politique, à l’instar d’Alex Vines. Il est directeur Afrique du groupe de réflexion britannique Chatham House :
« Déjà, au Caire, avec ses médiateurs et envoyés spéciaux, elle a compris que ni l’Union africaine, ni même les Nations Unies, n’étaient équipées pour faire face à la crise au Mali. Elle a donc soutenu l’intervention de la France dès qu’il a été clair que des djihadistes envisageaient de quitter le nord du Mali pour se diriger vers la capitale, Bamako. »
En Centrafrique, l’Union africaine a fait savoir aux rebelles qu'elle ne reconnaîtrait pas leur gouvernement. Dlamini-Zuma aurait aussi pesé en faveur de l'envoi par l’Afrique du sud de soldats sur place.
Continuité politique
Pourtant, son arrivée en octobre ne représente pas de césure majeure, par rapport à son prédécesseur, Jean Ping. Explication de cette continuité politique, par Ulf Engel, professeur en études africaines, à Leipzig et Addis Abeba.
« Beaucoup de choses ne relèvent pas de ses compétences, elle ne peut y réagir qu’en suivant un programme préétabli. Et puis le degré d’institutionnalisation de l’UA est tel que les mécanismes se déclenchent tout seul. Mais elle a apporté un nouveau ton. »
Traiter les maux à leur racine
Les détracteurs de Dlamini-Zuma soulignent toutefois que l’attention accordée au volet « paix et sécurité » masque parfois les véritables causes des conflits en Afrique. Or, pour Mehari Maru, conseiller de l’UA, le temps presse.
« Si on ne fait que réagir aux conflits, on ne traite que les symptômes, au lieu de prendre le temps de chercher leurs causes profondes en Afrique. »
Mais avant d’apporter des réponses politiques et sociales pérennes aux populations du continent, Dlamini-Zuma devra remettre totalement en route son institution. Alors que l’UA a perdu un an à se déchirer, surtout entre pays anglophones et francophones, justement sur le choix de la personne à placer à la tête de la commission.