Les commerces africains parisiens toujours en difficulté
27 mai 2020En France, les commerçants ont beaucoup souffert de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19. Depuis le 11 mai, jour du déconfinement, les commerces africains du quartier de Château-Rouge, dans le 18e arrondissement de Paris, peuvent ouvrir de nouveau toute la journée, hormis les cafés et restaurants. Cependant, la reprise économique est timide pour beaucoup de commerçants.
Dans sa boutique de vêtements Sape et Co, située rue de Panama, en plein cœur de Château-Rouge, Jocelyn Armel Bindickou conseille un client au sujet d'une chemise. Ce commerçant d'origine congolaise, installé depuis 25 ans à Château-Rouge est aujourd'hui inquiet. Les affaires ont du mal à reprendre. "Je ne vends parfois qu'une cravate ou une chemise dans la journée, et encore, il y a parfois des jours sans vente", raconte-t-il. "Il n'empêche qu'i faut payer comme le loyer, l'électricité tout cela. C'est très difficile."
"Parfois je ne fais aucune vente"
Ce jour-là, Jocelyn Armel Bindickou a vendu une chemise à Bienvenu Kinbedé, un Congolais qui habite le quartier et trouve normal de soutenir les commerçants qui ont beaucoup souffert du confinement. "Comme ils ont été fermés pendant longtemps, c'est le moment de participer aussi, de les aider, donc c'était l'occasion. Je suis passé par là, j'ai vu une chemise qui me plaisait, je l'ai acheté", sourit-il.
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Pour d'autres aussi, la reprise est compliquée. Dans ce salon de coiffure situé rue des Poissonniers, c'est le calme qui règne alors que d'habitude, il y a foule et la musique congolaise est omniprésente. Il y a aujourd'hui à peine dix clients. Le directeur du salon, Guy Laredo, d'origine congolaise accuse le coup. "On a perdu beaucoup de clients qui sont décédés et un de nos coiffeurs est décédé du coronavirus. Donc du coup, il y a des gens qui ont encore peur et on n'a pas encore repris vraiment le rythme." Pour tenter de rassurer, du masque et du gel sont à la disposition des clients.
L'alimentaire semble mieux se porter
C'est une autre ambiance dans le magasin qui se trouve aussi rue du Panama : Trio-Africa, spécialisé dans les produits alimentaires camerounais. Il y a du monde et les vendeurs sont obligés de faire entrer les clients deux par deux pour respecter la distanciation physique.
Durant le confinement, la boutique était ouverte uniquement le matin. Aujourd'hui la gérante, Jeanine Tegia, d'origine camerounaise, est soulagée. "Je suis très contente de retrouver ma clientèle, je ressens en ce moment comme une résurrection", confie-t-elle. "Les clients aussi tendent à reprendre les habitudes d'auparavant, c'est-à-dire venir faire les courses dans l'après-midi. Vraiment ça promet, on sent la reprise progressive."