Les craintes du Collectif pour la transition en Guinée
29 septembre 2020Les participants au colloque, dont de nombreux chercheurs et représentants associatifs guinéens ainsi que des hommes politiques français, réunis à la Maison de l'Amérique Latine à Paris ont analysé les impacts régionaux et internationaux de la situation politique en Guinée. Ils ont fait part de leurs inquiétudes concernant la campagne électorale en cours dans la perspective du premier tour de l’élection présidentielle du 18 octobre.
"Aujourd'hui je suis inquiet parce que le fichier ne représente pas le corps électoral, c'est un fichier corrompu et les institutions qui sont en charge d'organiser les élections, ce sont des institutions partisanes. Aujourd'hui toutes les institutions sont inféodées à l'exécutif, il n'y a pas d'arbitre, la cour constitutionnelle aussi ne rassure pas, il y a plus de militants que de sages. Et je crois que la suite va être vraiment incertaine", craint Fode Abbas Bangoura, avocat aux barreaux de Paris et Conakry.
Il a été membre de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) en Guinée et estime que les conditions ne sont pas réunies pour le déroulement d'un scrutin transparent.
Multiplication des violences
Aliou Barry, chercheur et directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques (CAES) redoute la multiplication des violences. Car, explique-t-il, le Front national de défense de la Constitution (FNDC) a annoncé la reprise des manifestations contre la candidature d'Alpha Condé ce mardi (29.09.2020).
"Si vous prenez l'histoire de ce pays, il n'y a jamais eu une manifestation qui s'est déroulée de façon pacifique. Le FNDC, je pense, manifestera malgré l'interdiction et comme les forces de défense et de sécurité en Guinée sont toujours prêtes à réprimer, je crains fort qu'il y ait une vraie violence dans le pays parce que toutes les parties prenantes à ce processus électoral ne se feront aucun cadeau", soutient le chercheur.
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Transition
Selon son porte-parole, le Collectif pour la transition en Guinée milite pour une transition politique afin de préparer sereinement les prochaines échéances dans la transparence en Guinée.
"Même si Celou Dalein Diallo était président de la république, le pays serait ingouvernable. Parce qu'il y a une assemblée nationale qui existe, donc il y aurait une espèce de cohabitation. Vous imaginez une cohabitation en Guinée ? Ce n'est pas possible. De toutes les façons, le pays sera ingouvernable sans la transition", déclare Ibrahim Sorel Keïta.
Quelques incidents ont eu lieu durant le colloque. Des Guinéens, venus défendre le bilan du président Alpha Condé, ont été chahutés et ont dû quitter la salle.