Les Kenyans votent en pleine hausse des prix
9 août 2022Au Kenya, la cherté de la vie frappe surtout les populations les plus vulnérables. Comme c’est le cas à Kibera l'un des plus grands bidonvilles d'Afrique, situé au cœur de Nairobi, la capitale.
Josephine Oguta vend de la nourriture dans un kiosque de fortune. Selon elle, le coût des produits de base a doublé, voire triplé. Mais c'est le maïs, l'aliment de base du Kenya, qui l'inquiète le plus. Le maïs est en effet un élément essentiel dans la préparation de l’Ugali, une bouillie largement consommée au Kenya.
"Vous pouvez prendre du thé sans sucre et survivre, vous pouvez préparer des légumes verts sans huile, mais il n'y a pas de substitut à l'Ugali. Le coût de la farine de maïs a augmenté de manière drastique. C'est ce qui fait le plus mal à tout le monde", explique Josephine.
La guerre en Ukraine, facteur aggravant
La situation économique du pays a contraint, selon elle, une grande partie de ses clients à réduire leur repas. Selon plusieurs économistes, la guerre en Ukraine, qui a conduit à l’arrêt d’exportations des céréales et contribué à la hausse du prix du pétrole, expliquent la conjoncture actuelle.
Mais ce n’est pas tout. "Les contraintes d'approvisionnement, le sous-investissement dans l'agriculture, la guerre en Ukraine : tout cela a participé à faire grimper l'inflation. Du coup, les Kenyans ordinaires ne peuvent pas se procurer suffisamment de nourriture. Ils ne peuvent pas voyager, ils ne peuvent pas payer leurs factures, donc les personnes touchées par l’inflation sont principalement les personnes qui font partie des couches inférieures de la société", analyse X N Iraki, professeur d’économie à l’Université de Nairobi.
Les propositions des candidats
Devant cette inflation, les quatre candidats à l'élection présidentielle ont fait des propositions différentes pour améliorer le niveau de vie des 56 millions de Kényans.
S'il est élu, le leader de l'opposition, Raila Odinga, promet de soutenir les ménages pauvres via une allocation mensuelle de 50 dollars. De son côté, le vice-président William Ruto s’est engagé à donner la priorité aux dépenses agricoles afin de stimuler la production alimentaire nationale.
George Wajackoyah a pour sa part proposé un plan économique plus inédit : légaliser la culture du cannabis pour l'exportation, afin de rembourser la dette croissante du Kenya. Pour terminer, David Mwaure Waihiga, candidat à la présidence pour le parti Agano, compte réduire de moitié l'impôt sur les salaires.
Selon la Banque mondiale, si les prévisions économiques du Kenya sont plutôt optimistes, elles sont en revanche entourées d'une grande incertitude en raison de son exposition aux importations de carburant, de blé et d'engrais.