Les Shebab toujours actifs en Somalie
16 octobre 2017Union africaine, France, Grande Bretagne, Etats-Unis ou encore Turquie, les condamnations et manifestations de soutien fusent de toute part depuis l’attentat de Mogadiscio. Le précédent attentat meurtrier avait fait au moins 82 morts et 120 blessés. C’était en octobre 2011. Des attaques qui se multiplient dans un contexte propice à l'insécurité. Selon Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la Corne de l'Afrique, "il y a une présence de plus en plus forte des Shebab au fur et à mesure que les troupes de stabilisation éthiopiennes et les forces de l’AMISOM se retirent pour des raisons budgétaires." Il y aussi l’intervention de plus en plus forte des Etats-Unis de Donald Trump "pour entraîner l’armée régulière", explique-t-il.
Une mission difficile
Une armée régulière qui peine à remplir sa mission de protection tout comme les forces africaines sur place. D'aprés le politologue somalien Muhyadin Roble, "la force africaine (AMISOM) n’est pas en mesure de stopper ce genre d’attaques. Elle est présente à des endroits précis et protège des sites administratifs. Elle n’est pas toujours près des civils. Ce sont seulement les forces de sécurité somaliennes qui se trouvent sur ces sites civils et elles n’ont pas la capacité d’indentifier et de prévoir ce genre d’attaques."
Une jeunesse sans perspective
Identifier, prévenir. Pour Marc Lavergne les Shebab récupèrent une jeunesse somalienne sans perspective. Ce qui explique que les attaques continuent." Le système est complètement corrompu" explique-t-il avant de poursuivre: "le pays est fragmenté en tribus, en clans qui se déchirent. Ces jeunes sont issus de tribus nomades. Et avec la secheresse, la dégradation de l’environnement il y a de plus en plus de difficultés. Donc le choix c’est l’émmigration, la piraterie ou l’engagement dans les Shebab."
Pourtant des pays comme la Turquie investissent en Somalie. Des investissements qui profitent essentiellement à Ankara selon Marc Lavergne. Sur le plan sécuritaire, la Turquie a notamment inauguré fin septembre le plus important centre d'entraînement militaire étranger de Somalie, destiné à la formation des forces somaliennes. Suite à l'attentat de ce week-end, Ankara a annoncé l’envoi d’une aide médicale à Mogadiscio et compte prendre en charge des personnes blessées.