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"Lettre à ya Tshitshi" avec Bob Elvis

2 décembre 2021

Dans cette lettre, Bob Elvis s'adresse à Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président congolais, pour expliquer ce qu’est devenue la RDC.

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L'artiste  Bob Elvis de la RDC
L'artiste Bob Elvis de la RDCImage : Wendy Bashi/DW

Bob Elvis fait de la musique depuis une dizaine d’années. Il est surtout connu pour ses textes engagés.

En 2018, il signe le titre "Dégage" dans lequel il s’insurge contre le troisième mandat de Joseph Kabila, à l’époque, président de la RDC.

C’est à partir de ce moment là que ses chansons seront systématiquement censurées dès leur sortie. Un fait auquel l’artiste a fini par s’habituer.

Les médias congolais boycottent ses chansons dit il, mais cela ne l’empêche pas d’être connu et de continuer à pratiquer son art. 

Etienne Tshisekedi, père de Felix Tshisekedi
Etienne Tshisekedi, père de Felix TshisekediImage : picture-alliance/dpa/C. simon

"Je suis artiste rappeur, je suis congolais. "Lettre à Ya Tshitshi" c’est un constat que j’adresse à feu Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président. Je lui explique tout ce qui s’est passé en RDC depuis sa mort. Je lui explique que depuis qu’il est parti, son fils est devenu président mais on ne voit toujours pas se matérialiser le slogan « le peuple d’abord ». C’est resté un slogan, comme si la classe politique prend le pays en otage. Je lui ai aussi expliqué que les députés sont de plus en plus inconscients. Ils aiment le Palais du peuple, mais ils n’aiment pas le peuple, ils ne veulent pas servir le peuple. C’est de l’inconscience. On ne vient pas en politique pour chercher à se faire de l’argent. Je pense que ce sont des gens qui nous représentent très mal et il fallait que je le dise."

Le tube qui cartonne...

Linda Joel est activiste, elle milite pour le droit des femmes à Goma, dans l’Est de la RDC. Avant la sortie de la chanson "Lettre à Ya Tshitshi" elle ne connaissait pas Bob Elvis. Depuis, elle passe le tube en boucle dans sa voiture.

Felix Tshisekedi, président de la RDC
Felix Tshisekedi, président de la RDCImage : Tobias Schwarz/REUTERS

"Je ne connaissais pas Bob Elvis. Je l’ai découvert grâce à sa chanson « Lettre à Ya Tshitshi. Ici en RDC, nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi ses chansons sont censurées. Pourquoi est ce qu’on censure la vérité ? On ne peut pas arrêter le pouvoir de la vérité, tout ce qui compte, c’est que le message est passé pour nous. Récemment je parlais à un ami qui m’a dit que la réalité de notre pays est meilleure que la fiction. Je pense que quand on met toutes ces réalités dans une seule chanson, on se retrouve avec énormément de questions qui ne trouvent pas de réponses. Nous, le peuple congolais, nous aimerions avoir quelqu’un à qui le dire. Nous aimerions avoir des personnes à qui envoyer des lettres pour obtenir des réponses.  Des personnes qui prendront nos soucis en considération et quoi pourront nous aider à retrouver une forme de paix intérieure."

La Censure qui ne passe pas....

Ben Kamuntu est un artiste slameur basé à Goma. !Pour Ben, le fait de censurer les œuvres des artistes comme Bob Elvis et d’autres, n’empêchera pas les artistes dont il fait partie à faire leur travail ! Bien au contraire, cela les revigore et leur donne encore plus envie d’écrire, de chanter et d’occuper l’espace.

Ecoutez le reportage de Wendy Bashi

"Moi je ne vois pas vraiment les raisons qui ont poussé le comité de censure à s’en prendre aux artistes. C’est regrettable, c’est vraiment condamnable. Pour nous les artistes, pour Bob Elvis, pour tous les artistes engagés, en tout cas, je partage et je leur porte mon soutien et je me dis que la censure ne va pas nous arrêter. Nous allons utiliser d’autres moyens, nous allons faire des concerts dans nos avenues, nous allons continuer à vivre. Un artiste c’est à ça qu’il sert, il reflète les faits sociaux, les réalités de la société."

La démocratie ou pas ?

Pour Bob Elvis, le système en RDC reste le même. Les dirigeants changent mais au fond, on remet les mêmes et on recommence.

"Les gens n’ont pas la liberté d’expression. Le pays s’appelle quand même la République Démocratique du Congo. A un moment, il faut faire la part des choses. Soit vous voulez la démocratie et vous accepter la liberté d’expression. Surtout que nous n’insultons personne dans nos chansons. Moi je reste sur les faits, je ne peux pas empêcher aux gens d’interpréter ma musique, mais moi je sais que je reste sur les faits. Si ça ne dépendait que de moi, on devrait supprimer cette commission de censure, elle ne devrait même plus exister. Je pense que nous visons les conséquences des alliances contre nature, changer de régime, sans forcément changer de système. Je pense qu’il faut un nettoyage et balayer tout ce monde", s'insurge l'artiste.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash