L’Irak au bord du gouffre
23 décembre 2011Une dizaine d'attaques coordonnées ont provoqué la mort de 60 personnes et blessé 183 autres dans la capitale irakienne. Une technique d'attentats qui rappelle celle utilisée par Al Quaida, des attaques qui visaient d’ailleurs uniquement la communauté musulmane chiite. Washington a beau rappeler que l'armée irakienne est désormais en mesure d'assurer la sécurité du pays, il est permis d'en douter au vu de ce dernier carnage.
Surtout, ces attentats interviennent en pleine crise gouvernementale. L'Irak est dirigé par un gouvernement d'union nationale, une coalition entre musulmans chiites, majoritaires, et sunnites. Or, la tête de l'État irakien a explosé depuis qu'un mandat d'arrêt a été lancé à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi.
Méfiance générale
Celui-ci est accusé d'avoir soutenu des attentats menés par ses gardes du corps et il est aujourd'hui réfugié au Kurdistan irakien, au nord du pays. « C'est malheureusement le résultat de la méfiance générale qui existe entre les communautés religieuses sunnites et chiites », explique Paul Freiherr von Maltzahn, vice-président de la Société allemande de politique étrangère et ancien ambassadeur en Irak. « Tout cela est lié bien sûr au fait que les sunnites qui ont dominé la vie politique pendant des siècles n'occupent plus qu'un rôle secondaire et sont même menacés de disparaître du pouvoir. »
Enfin, le vice-président Tarek al-Hachémi, accusé d'avoir préparé des attentats, a accusé le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki de se comporter comme Saddam Hussein et d'accaparer le pouvoir. C'est d'ailleurs la même critique qui a été portée par le bloc parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites, qui a décidé de boycotter le gouvernement où il compte neuf ministres.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Carine Debrabandère