"L'Islam incompatible avec la Loi fondamentale?"
18 avril 2016La grande majorité des journaux critiquent vivement ces déclarations.
"Avec leur idée de bannir les minarets et les voiles islamiques de l'espace public en Allemagne, relève la Frankfurter Rundschau, les populistes de droite se positionnent clairement contre une république ouverte au monde et foulent au pied la Loi Fondamentale, la Constitution allemande qui garantit la liberté de religions. En fait, les populistes de l'AfD ne se soucient guère de ces libertés. Les extrémistes de droite instrumentalisent bien plus l'islam pour alimenter des angoisses au sein de la population. S'ils étaient vraiment intéressés à un débat de fond, objectif, ils ne voudraient pas bannir les symboles islamiques de l'espace public, mais feraient des propositions comment par exemple, après les attentats terroristes de Paris et de Bruxelles perpétrés par de soi-disant jihadistes, on pourrait assurer la sécurité d'une société multiculturelle dans une coexistence pacifique", souligne le quotidien de Francfort.
Le quotidien Die Welt souligne : "Jusqu'ici, l'AfD avait un problème dans ses critiques envers l'islam car parmi les croyants musulmans, il en existe un certain nombre, surtout en Europe, qui souhaitent une réforme fondamentale de la théologie et de l'éthique islamique. Ce qui signifie pour l'AfD qu'elle devrait différencier. Que l'on ne peut pas rejeter en bloc l'islam en tant que tel, mais que l'on doit critiquer les mouvances fondamentalistes et soutenir les penseurs prêts à réformer et à développer un islam pluraliste et défenseur des droits de l'Homme. Ce devoir de différenciation semble être de plus en plus considéré par les principaux dirigeants de l‘AfD comme une entrave dans leur volonté de se présenter comme un parti strictement anti-islam et de propager à volo des ressentiments anti-musulmans."
Autre thème : La visite du Pape François à Lesbos
La visite de cinq heures du chef de l'Eglise catholique dans un camp de réfugiés et de migrants sur l'île grecque de Lesbos fait encore l'objet de commentaires.
"Le Vatican a déclaré que le voyage du Pape n'avait pas un caractère politique. Pourtant rien n'est plus politique que la question d'humanité !", estime la Süddeutsche Zeitung.
Les cinq heures passées sur l'île des réfugiés sont une démonstration contre les gouvernements de Pologne, de Hongrie et d'ailleurs qui se considèrent comme particulièrement chrétiens, quand ils érigent des barrières contre une prétendue invasion islamique. C'est un sermon tacite pour tous ceux qui, aussi en Allemagne, qualifient de réalisme ce qui n'est que l'égoïsme d'un cœur froid et qui alimentent les peurs, les ressentiments et la haine en se considérant, à tort, comme les sauveteurs de l'Occident !", conclut le quotidien de Munich.