Un ex-colonel de la LRA jugé coupable en Ouganda
13 août 2024Le premier nom que le grand public associe à l'Armée de résistance du seigneur, la LRA, c'est celui de son chef, Joseph Kony.
Mais c'est un autre ancien commandant de ce groupe armé qui était jugé depuis plus de six ans en Ouganda : Thomas Kwoyelo. Le verdict vient de tomber : Thomas Kwoyelo a été reconnu coupable de 44 chefs d'accusation relevant de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
La peine sera prononcée "au plus tard mardi prochain" selon le juge. Marco Wolter nous en dit plus sur Thomas Kwoyelo.
Arrestation en 2009 en RDC
C'est en 2009 que Thomas Kwoyelo est arrêté en République démocratique du Congo. Lorsqu'il se rend à l'armée ougandaise, cet ancien colonel de la LRA, surnommé Latoni, est blessé ; il a reçu une balle dans le ventre.
Certains rebelles de l'Armée de résistance du seigneur, la LRA, avaient quitté le nord de l'Ouganda pour se réfugier en RDC et dans d'autres pays voisins, comme le Soudan, le Soudan du Sud ou la RCA, pour fuir les opérations de l'armée ougandaise dirigées contre eux.
Des crimes de guerre et contre l'humanité
Aujourd'hui âgé de 49 ans, Thomas Kwoyelo est soupçonné d'avoir dirigé plusieurs attaques, entre 1993 et 2005, sur le village d'Abera et sur des camps de déplacés, à Pagak et Pablo. Il devait répondre de 78 chefs d'accusation, soupçons d'enlèvements, d'assassinats, mais aussi d'avoir mutilé et torturé plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants.
La Cour constitutionnelle ougandaise lui avait accordé l'amnistie en 2011 mais cet avis avait été renversé en 2015 par la Cour suprême qui a décidé que Thomas Kwoyelo devait être jugé. Et c'est ainsi que l'ICD a été chargée du dossier – c'est une juridiction nationale créée exprès pour juger les crimes de guerre et contre l'humanité et censée compléter la Cour pénale internationale.
Aujourd'hui, le tribunal l'a reconnu coupable de 44 chefs d'accusations relevant de crimes de guerre et contre l'humanité. 31 autres ont été rejetés par la Cour et Thomas Kwoyelo a été innocenté de trois accusations de meurtres.
La famille de Thomas Kwoyelo ne comprend pas pourquoi leur proche n'a pas été amnistié, au même titre que d'autres combattants de la LRA. Lui aussi a été enlevé à sa famille et enrôlé de force par le groupe armé, alors qu'il n'avait que 12 ans.
La CPI, elle, a jugé Dominic Ongwen. Lui aussi ancien enfant-soldat, il est le seul ancien commandant de la LRA à avoir été condamné par la justice internationale à ce jour. A 25 ans de réclusion.
La défense de Thomas Kwoyelo
Durant son procès, Thomas Kwoyelo a clamé son innocence. "J'étais responsable de l'infirmerie", a-t-il déclaré en assurant n'avoir jamais supervisé les enlèvements et l'esclavage sexuel de jeunes filles. Il a toutefois reconnu avoir agi sous les ordres du chef de la LRA, Joseph Kony, à qui il a par exemple reconnu avoir amené au Soudan, toutes les femmes et jeunes filles dont les maris étaient morts au combat en Ouganda. C'était en 1999. Joseph Kony, lui, est toujours en cavale.
Les victimes, elles, doutent de pouvoir obtenir un jour réellement réparation.