L'économie avant la morale?
20 novembre 2018"Celui qui a condamné à mort le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a agi par conviction qu'il était au-dessus de la loi et de l'ordre", peut-on lire dans la Süddeutsche Zeitung.
Si c'était le prince héritier Mohammed ben Salmane, alors il avait raison, affirme le journal. Et les interdictions de livraisons d'armes imposées par l'Allemagne ne changent rien à cette situation.
Ces interdictions sont avant tout un moyen de pression symbolique. Seule une interdiction totale des exportations d'équipements militaires aurait des conséquences sur le régime saoudien, conclut la Süddeutsche Zeitung.
Ce n'est que maintenant que le gouvernement fédéral réagit, déplore la Frankfurter Neue Presse. Bien sûr qu'il fallait attendre les conclusions de l'enquête sur le meurtre de Jamal Khashoggi. Mais livrer des armes à l'Arabie Saoudite était moralement douteux bien avant cette affaire.
Le pays fait la guerre à la population civile du Yémen depuis des années. Or la Bundeswehr, l'armée allemande, va sans doute continuer à former des soldats saoudiens. Et dès hier, note le quotidien, le patron de Siemens, Joe Kaeser, a annoncé vouloir se rendre à une conférence en Arabie Saoudite.
Il reste donc fidèle à sa devise, écrit la Frankfurter Neue Presse : d'abord l'économie et ensuite la morale.
Le Pacte de l'ONU sur les migrations pour le droit à l'immigration
Les journaux commentent par ailleurs le Pacte de l'ONU sur les migrations, un texte qui devrait conduire à des migrations plus sûres, ordonnées et régulières.
La Rheinische Post de Düsseldorf souligne que "le Pacte n'est pas juridiquement contraignant et qu'il oblige seulement les pays d'accueil à faire preuve d'une humanité qui devrait être évidente ».
Toute cette agitation autour du fait que l'Allemagne ne serait plus souveraine en matière de migration est donc tout simplement superflue, affirme le quotidien. Le Pacte semble incongru parce que dans sa formulation même il établit implicitement un droit à l'immigration, ce qui suscite des craintes un peu partout dans le pays.
Pour la Schwäbische Zeitung, les auteurs du texte ont eux aussi des choses à se reprocher. Et notamment le fait que le Pacte se perde dans des questions de détails.
C'est le grand dilemme des Nations unies, souligne le quotidien de Ravensburg : leurs initiatives sont souvent pleines de bonne volonté, mais elles n'ont souvent qu'une portée limitée. Ce Pacte ne fera pas exception.
Mais, affirme la Schwäbische Zeitung, la valeur de ce texte est ailleurs : c'est un engagement en faveur du multilatéralisme, une volonté de relever les défis mondiaux par des accords mondiaux. C'est précisément ce multilatéralisme que les opposants au Pacte veulent détruire, qu'ils siègent à la Maison Blanche ou au sein de l'AfD, l'Alternative pour l'Allemagne.