Macron à Kigali : l'attente des victimes du génocide
27 mai 2021Le président français Emmanuel Macron a atterri à Kigali ce jeudi matin. Une visite officielle, où il doit notamment prononcer un discours très attendu au Mémorial du génocide, où reposent les restes de 250.000 des plus de 800.000 victimes. La visite est très attendue par le pays qui a un passé compliqué avec la France en raison des accusations concernant sa responsabilité dans le génocide de 1994.
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Les rescapés de ce drame appellent le président Emmanuel Macron à extrader vers le Rwanda les présumés génocidaires qui se trouvent encore sur le sol français.
Son père et ses quatre frères tués
C'est le cas de Bonaventure Uwineza. Il avait huit ans quand le génocide a commencé en 1994, en province de l'Est, à 60 kilomètres de Kigali. Alors que les tueries faisaient rage dans d'autres parties du pays, Bonaventure raconte que cette partie de l'est était restée paisible, du moins pendant les deux premières semaines du conflit. "Elles ont été d'une grande résistance car les autorités voulaient protéger la population", explique-t-il. Et puis vient le moment de bascule. "Tout a basculé quand une partie de la population a commencé à être embrigadée afin de se lancer dans les tueries. Durant cette période, mon père ainsi que quatre de mes frères ont été tués."
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Bonaventure condamne au passage l'inaction de l'armée française qui n'est pas intervenue afin de sauver des vies en danger. A chaque visite d'un président français au Rwanda, de nombreux Rwandais attendent que ce dernier présente ses excuses au nom du gouvernement français.
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Mais pour Bonaventure, il faut aller plus loin que des excuses. "La bonne manière pour les Français de demander pardon serait d'arrêter les présumés génocidaires qui sont en France, notamment Agathe Kanziga, la veuve du défunt président Habyarimana". Il dénonce "une protection" de la France.
Des annonces diplomatiques ?
En attendant, la visite d'Emmanuel Macron constitue la reconstruction d'une relation diplomatique longtemps inexistante. Une reconstruction saluée par Valérie Mukabayire, la présidente de l'association des veuves du génocide, AVEGA Agahozo. "Nous, en tant que Rwandais, sommes contents de ce pas franchi, car c'est le rétablissement d'une relation détériorée", estime-t-elle.
Cela fait plusieurs années que l'Elysée n'a pas d'ambassadeur à Kigali mais selon certaines sources, cette visite pourrait changer cette situation.