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Bamako tourne la page de l'accord d'Alger

Robert Adé | Carole Assignon
26 janvier 2024

Bamako dénonce l'accord signé à Alger en 2015, après des mois d'escalade diplomatique et militaire.

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Photo d'une table ronde lors d'une rencontre entre rebelles touareg et gouvernement malien à Kidal
L'accord d'Alger avait été signé en 2015, menant à des rencontres à Kidal par la suiteImage : Mali UN Mission

Avant même l'annonce de Bamako, l'avenir de l'accord d'Alger semblait déjà compromis avec la reprise, l'année dernière, des hostilités entre l'armée malienne et les groupes indépendantistes à dominante touareg du Nord. Fin décembre 2023, l'accord avait également reçu un coup supplémentaire au moment où le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte au Mali, avait annoncé, lors de ses vœux de Nouvel An, la mise en place d'un "dialogue direct inter-malien". Un dialogue sans médiation internationale, contrairement à l'accord d'Alger.

Une annonce qui n'étonne pas

Pour justifier sa décision de rompre l'accord, la junte, dans un communiqué lu à la télévision d'Etat par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement installé par les militaires, a invoqué "le changement de posture de certains groupes signataires", mais aussi "les actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation".

"Le gouvernement de la transition constate l'inapplicabilité absolue de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger signé en 2015 et par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat", a-t-il déclaré.

"Cela ne nous a pas surpris" (CSP)

L'inapplicabilité absolue de l'accord : un argument qui ne convainc pas Mohamed El Maouloud Ramadane, le porte-parole du Cadre stratégique permanent, l'alliance de groupes armés qui avait signé l'accord de 2015, avant de reprendre les armes l'an dernier.

Pour le CSP, l'annonce de la fin de l'accord d'Alger sonne comme une déclaration de guerre et l'impossibilité de négocier la paix avec la junte, sous quelque forme que ce soit. Et pour Mohamed El Maouloud Ramadane le dialogue direct inter-malien "est juste une perte de temps".

La paix avant tout

Ce vendredi, dans un communiqué de la diplomatie algérienne publié par l'agence officielle APS, l'Algérie "prend acte de cette décision dont elle tient à relever la gravité particulière pour le Mali lui-même, pour toute la région qui aspire à la paix et à la sécurité, et pour l'ensemble de la communauté internationale qui a mis tout son poids et beaucoup de moyens pour aider le Mali à renouer avec la stabilité par la réconciliation nationale".

"Il y avait des signes avant-coureurs" Alexis Kalembri

L'annonce de la fin des accord d'Alger n'étonne pas Alexis Kalembri éditorialiste et analyste malien. Selon lui il y avait des signes avant-coureurs. Il estime par ailleurs que les rebelles sont déjà divisés sur la question du dialogue direct inter-malien, mais l'essentiel, selon lui, c'est de ramener tout le monde à la table de négociation. Quant à l'impact de l'annonce de la fin de l'accord d'Alger, il relativise.

"Ce n'est pas évident que ça impacte trop. Peut-être, juste les relations entre le Mali et l'Algérie qui sont déjà tendues. Le combat de l'Algérie, c'est de maintenir la paix dans le nord du Mali", estime-t-il.

En effet, le nord du Mali qui est en contact avec le sud de l'Algérie. Et l'Algérie n'a pas intérêt à ce que les relations s'enveniment parce qu'elle est sortie d'une décennie de terrorisme, rappelle l'éditorialiste et analyste malien.

Vue aérienne de Dakar depuis un avion
Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique