Mali : après les tueries d’Ogossagou, les sanctions
25 mars 2019C’est à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire tenu dimanche 24 mars, au lendemain du massacre qui a fait plus de 130 morts dont des femmes et des enfants, que le gouvernement a annoncé la dissolution de l’association Dan Nan Ambassagou. Le groupe armé dogon basé dans le centre du Mali, suspectée d’être à l’origine de cette attaque, affirme défendre les civils de la communauté.
Depuis quelques années, le centre du Mali est le théâtre d’un conflit ethnique dont la communauté peul est la principale victime. Elle est accusée par les autres communautés de la région d’être allié aux groupes djihadistes présents dans la région et qui attaquent fréquemment l’armée malienne et les forces internationales présentes au Mali.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita expliquait l’origine de ce conflit entre Peuls et dogons au micro de la DW au mois de février dernier lors de son passage en Allemagne.
"Il y a la continuation d'un phénomène qui a été relativement maîtrisé dans le Nord grâce aux opérations combinées entre nos forces et les forces alliées, que ce soient les forces de la Minusma, la force Serval et maintenant Barkhane. Il y a néanmoins eu des reflux vers le sud et on essaie d'instrumentaliser cela de manière subtile et intelligente en poussant des communautés qui ont toujours vécu en parfaite symbiose et en grande convivialité à être opposées", déplore Ibrahim Boubacar Keita.
"Cela se fait en tuant et massacrant dans telle communauté qui du coup prenait sa revanche. C'est un phénomène nouveau qu'on n'a pas connu auparavant », confie le chef de l’Etat malien.
En plus de la dissolution de la milice Dan Nan Ambassagou, le président malien a limogé son chef d’Etat-major général des armées, celui de l’armée de Terre et de l’Air ainsi que le chef de la sécurité militaire. Il s’agit des mesures qui devraient amener une nouvelle dynamique dans l’organisation de l’armée malienne, mais sur les réseaux sociaux beaucoup des Malien demandent le limogeage des ministres en charge de la sécurité et de la défense.
Une délégation du gouvernement s'est rendue sur place, dimanche pour rencontrer les familles rescapées ainsi que les personnes blessées.
La milice dogon, Dan Nan Ambassagou, pointé du doigt dans l’attaque de samedi, rejette la dissolution du groupe d’autodéfense. Il avait déjà été accusé en 2018 par plusieurs associations de droits de l’homme et associations communautaires d’exactions contre des civils peuls. Des faits qu’ils ont toujours niés.
Le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a condamné, dans un tweet l’attaque qu’il a qualifiée d’ignoble. Le patron de la Commission de l’UA a assuré que des mesures fortes seront prises pour s’attaquer aux causes profondes de cette violence, estimant que la persistance de celle-ci ne peut que compliquer davantage les efforts de paix et stabilité dans la région.
Le directeur régional d'Amnesty international pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Alioune Tine, pour sa part, a jugé qu’il était temps que l’Union africaine et la Cedeao convoquent d'urgence un sommet sur la fragile situation sécuritaire des populations du Mali.