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Mali : Haut conseil islamique et djihadistes vont négocier

Mahamadou Kane
20 octobre 2021

La structure religieuse doit négocier un cessez-le feu avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa.

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Convoi de la Bundeswehr au Mali
Le chemin vers la paix sera encore long : les bases des discussions ne sont pas encore poséesImage : Kristin Palitza/dpa/picture alliance

C'est une mission compliquée qui s'annonce pour le Haut conseil islamique malien : le ministère des Affaires religieuses et du Culte vient de lui demander d'engager des discussions avec les chefs terroristes locaux. Le Haut conseil doit tenter d'obtenir un cessez-le feu avec Iyad Ag Ghaly du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et Amadou Kouffa de la Katiba Macina.

Une idée pas nouvelle

L'idée de ces discussions n'est pas nouvelle. C'était déjà dans les recommandations de la conférence d'entente nationale de 2017 ou celles du dialogue national inclusif (DNI) de 2019. L'ancien Premier ministre de la transition Moctar Ouane avait aussi relancé l'idée en décembre l'an dernier lors de la visite à Bamako du chef de la diplomatie française Jean Yves Le Drian.

Désormais, ces négociations devraient bien être lancées. Une mission de paix pas simple alors que le pays est en proie régulièrement aux attaques terroristes, notamment dans le Nord ou le Centre.

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La situation sécuritaire au Mali n'est toujours pas stable malgré la présence de la Minusma depuis 2013
La situation sécuritaire au Mali n'est toujours pas stable malgré la présence de la Minusma depuis 2013Image : picture alliance/dpa/A. Duval Smith

"Je crois que ce choix se justifie par le fait que le Haut conseil islamique est la plus haute institution des musulmans du Mali", explique Amadou Maïga du Conseil national de transition (CNT). "Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa prétendent agir au nom de la religion musulmane. Le Haut conseil islamique (...) pourra discuter avec ces Maliens qui se sont égarés et qui s'en prennent à nos forces de défense et de sécurité". Et à Amadou Maïga d'espérer : "Il faut essayer de les ramener à la raison et qu'on puisse ensemble cultiver la paix."

Le Haut conseil déjà impliqué dans d'autres négociations

Amadou Maïga compte notamment sur les succès passés de l'organisation : c'est ce Haut conseil islamique qui avait déjà négocié l'accord de cessez-le-feu entre donzos et djihadistes au printemps à Farabougou dans le cercle de Nionio. Reste désormais a établir des bases de discussions avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. "Au moment où je vous parle, rien n'a été décidé de façon concrète à notre niveau au Haut conseil islamique", assure Aboubacar Yacoub Doucouré du Haut conseil islamique.

Il souhaite qu'il y ait des critères bien établis pour désigner les personnalités devant discuter avec les deux prédicateurs religieux qui prônent l'application de la charia sur l'ensemble du territoire national. Une loi islamique sur laquelle les autorités ont jusqu'ici toujours refusé de négocier. 

"La France et la communauté internationale ne veulent pas de ce dialogue", Etienne Fakaba Sissoko ( Chercheur)

Discuter de quoi ?

Pour Etienne Fakaba Sissoko, directeur du Centre de recherche d’analyses politiques, économiques et sociales du Mali, la plupart des attaques commises au Mali, sont liées aux groupes de Iyad Ag Ghaly et d’Amadou Kouffa.

Sur le contenu des discussions, rien ne filtre pour l'instant. Mais, Etienne Fakaba Sissoko estime que le Mali entend réaffirmer son caractère laïc, républicain et l'intégrité de son territoire alors que Iyad Ag Ghali voudrait faire appliquer la charia, la loi islamique, dans les zones qu'il contrôle.

Qui sera le garant de cet accord ? La France et la communauté internationale étant hostiles à ces discussions, les leaders religieux devraient donc être les garants de l'accord qui serait trouvé estime Etienne Fakaba Sissoko ( Cliquer sur l'image ci-dessus pour écouter Etienne Fakaba Sissoko).