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Chassés de Kidal, le repli stratégique des insurgés touaregs

15 novembre 2023

Les groupes armés touaregs ont annoncé un repli stratégique et pourraient se mettre à l'abri en Algerie ou au Niger après la reprise de Kidal par l'armée malienne.

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Les rebelles touregs auraient quitté la ville de Kidal pour un repli stratégique
Image : Souleymane Ag Anara/AFP

Depuis le début des affrontements entre l’armée malienne et les groupes armés touaregs, environ les trois quarts des habitants ont fui la ville pour se mettre à l’abri du côté algérien. 
Un chemin que pourraient aussi emprunter les combattants touaregs armés, explique l’analyste politique Jalel Harchaoui spécialiste de la Libye au sein du Royal Services Institut. Celui-ci n’écarte pas non plus la possibilité pour ces groupes armés de passer par le Niger pour gagner la Libye.

"Je pense que la disposition de l’Algérie à plutôt s’accommoder avec les groupes touaregs et s’opposer aux FAMa et à Wagner est plus marquée, à mon avis, que ce que beaucoup d’autres soupçonnent. Donc, je ne fermerai pas la porte à cette possibilité, celle de laisser les touaregs traverser la frontière. Par ailleurs, le gouvernement de Niamey est plutôt en conversation avec les uns et les autres, donc, il n’y a pas forcément un radicalisme qui fait qu’il va y avoir une fermeture totale par rapport au repli stratégique des touaregs"

Un soldat des FAMa dans une opération armée entre Gao et Kidal
Les forces armées maliennes occupent désormais Kidal, mais pour combien de temps ?Image : KENZO TRIBOUILLARD/AFP/Getty Images

Le silence d'Alger interroge

Mais comment comprendre le mutisme du gouvernement algérien face à l’insécurité et à l’afflux de réfugiés à sa frontière ? Le pays accueille, depuis 2011, à peu près 200.000 réfugiés issus des pays voisins du Sahel, selon Majed Nehme, spécialiste d’Afrique du Nord. 
Ce dernier affirme que l’Algérie, qui a parrainé l’accord de paix 2015 entre les mouvements armés touaregs et le gouvernement de Bamako, n’interviendra que si les parties le demandent et uniquement si des troubles interviennent à sa frontière sud.

"N’oublions quand même pas qu’il y a des organisations terroristes maliennes qui sont dirigées par des fuyards algériens. Donc, du moment qu’il y a pas de répercussions directes sur l’Algérie du point de vue sécuritaire, ils ne sont pas pressés", explique Majed Nehme.

Approche géographique

Un avis partagé par Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye au sein du Royal Services Institut : "Dans le voisinage immédiat des Algériens, ce qu’ils regardent ce sont des acteurs locaux avec des ingrédients qui leur permettent de maintenir une certaine stabilité. Ce ne sont pas des positions de principe, ce ne sont pas les relations internationales, mais c’est comment assurer l’équilibre et comment éviter les chocs trop forts."

En clair, les opérations de l’armée malienne, appuyée par les mercenaires russes de Wagner, sont mal perçues par Alger qui défend une approche pragmatique, basée sur la géographie.

Et lorsqu’il s’agit de leur voisinage immédiat, les autorités algériennes regardent, d’abord, leurs propres intérêts avec le critère principal de la stabilité régionale.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent