Mali : le pouvoir contesté en pleine crise sécuritaire
19 juin 2020Pour beaucoup de Maliens, ce vendredi (19.06.2020) est une nouvelle journée à risques. La coalitionqui demande la démission du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) appelle les Bamakois à descendre en masse dans les rues pour exiger que le chef de l'Etat réponde favorablement aux exigences.
Cette coalition est formée d'un mouvement ayant à sa tête l'imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie regroupant des partis d'opposition, et d'Espoir Mali Koura, un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko.
A cette pression, s'ajoutent les attaques terroristes qui fragilisent davantage le pouvoir d'Ibrahim Boubacar Keita.
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Le Mali a intérêt à ce qu'une solution soit vite trouvée, pense Thomas Schiller, directeur régional Sahel de la fondation allemande Konrad Adenauer à Bamako. "C'est très difficile de parler de stabilisation du pays si le pouvoir même est contesté par une grande partie de la population", analyse-t-il.
Pour Thomas Schiller, "le dialogue est plus que nécesssaire. Mais surtout un dialogue qui aboutit vite à des solutions".
Sur la question de la légitimité de la demande de démission du président, et si cette demande a une base constitutionnelle, le directeur régional Sahel de la fondation Konrad Adenauer admet que "la mobilisation actuelle ne s'inscrit pas dans le cadre d'une logique constitutionnelle mais qu'il s'agit plutôt d'une logique de contestation populaire".
La grogne qui secoue le Mali depuis des mois risque de se propager à d'autres régions du pays.
Les récentes législatives et la décision de la Cour constitutionnelle d'inverser une trentaine de résultats proclamés, dont une dizaine au profit de candidats du parti présidentiel, a exacerbé les frustrations. Dans un climat de défiance, les mécontents y ont vu une préfiguration de la présidentielle de 2023 et d'une impossible sortie de crise.