Au Mali, les exactions s'accentuent
31 août 2021Dans son rapport trimestriel qui couvre les mois d’avril, mai et juin 2021, la division des droits de l'Homme de la Minusma met en exergue les exactions des groupes armés, des milices et groupes d'autodéfense, mais aussi les violations dont seraient coupables les forces internationales et les militaires maliens.
Si le rapport de l'Onu estime que 54% des personnes tuées, blessées et enlevées l'ont été par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim en arabe), lié à Al-Qaïda, et d'autres organisations djihadistes comme le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), il pointe aussi la responsabilité des militaires maliens dans 46 cas de violences dirigées contre les civils.
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Complot pour déstabiliser le Mali ?
Une information que certains membres du Conseil national de transition (CNT) contestent en dénonçant un complot de la communauté internationale, pour "déstabiliser le Mali". Au micro de la DW, Aboubacar Sidick Fomba, membre du CNT, considère ainsi le rapport comme "un non-évènement".
Fatoumata Maïga milite dans l’Association des femmes pour les initiatives de paix (AFIP), une ONG qui travaille dans toutes les régions du Mali sur les questions liées à la paix, la sécurité et le développement. Selon elle, "il va falloir que les Maliens acceptent qu’ils ont mal géré leur pays, que chacun joue son rôle. La formation citoyenne a manqué. On a permis la floraison de groupes d’autodéfense ce qui n’est pas normal dans un pays qui a une armée et où on a fragilisé l’outil de défense qu’est l’armée malienne. L’armée a aussi été politisée".
Une violence qui affecte aussi les femmes
Qu’elles soient commises par les militaires ou les groupes armés, les violences affectent souvent les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Une situation que ne cesse de dénoncer par ailleurs Fatoumata Maïga. "Il y a les enlèvements de jeunes filles. Il y a les groupes de jeunes en brousse qui violent les femmes", s'alarme-t-elle avant d'admettre que "ce n’est peut-être pas régulièrement que cela se fait mais les enlèvements de jeunes filles, les mariages forcés continuent et cela se fait au nom de l’islam… ".
Pour le sociologue Timothée Kassogué, discuter pour trouver des solutions face à la recrudescence des violences serait l’option à privilégier alors que l'armée malienne et les forces internationales seraient respectivement responsables de 9 % et 6 % des violences commises contre les civils, selon le rapport.
"En période de crise, quand vous avez plusieurs forces qui interviennent, il y a souvent des amalgames, des incompréhensions par rapport aux intentions, aux objectifs de ces forces et par rapport aussi au ressenti des populations sur le territoire. C’est ce qui peut entraîner ce genre de climat tendu et amener à ce genre de violences", estime encore Timothée Kassogué.
Pour le chercheur, l’implication de tous les acteurs, en l’occurrence les communautés locales, est donc primordiale pour arriver à une sortie de crise au Mali.