Malte accusée de refouler les migrants en mer Méditerranée
8 septembre 2020Selon un rapport de l'ONG Amnesty International intitulé "Vagues d’impunité : les violations par Malte des droits des réfugiés et des migrants en Méditerranée centrale" et publié ce mardi (08.09.20), Malte organiserait des "refoulements illégaux vers la Libye, des détournements de bateaux vers l’Italie" ou ignore tout simplement les appels de détresse.
C'est par un épisode tragique, surnommé "le refoulement du lundi de Pâques", que débute le document.
Mi-avril, un groupe d'une cinquantaine de personnes, dont des femmes et des enfants, se trouvant dans la zone de secours maltaise, est secouru par un navire libyen contacté par les autorités maltaises.
Celui-ci, au lieu de faire débarquer les naufragés sur l'île, les ramène vers leur point de départ, c’est-à-dire en Libye.
Plusieurs migrants perdent conscience sur ce navire. Cinq d'entre eux vont mourir pendant ce trajet retour vers Tripoli.
Dans la foulée de ce drame, un ancien responsable du gouvernement maltais expliquera que pendant trois ans, il a été impliqué dans des opérations visant à empêcher les bateaux de migrants d’entrer dans les eaux maltaises, en accord avec les autorités libyennes.
L'UE absente en Méditerranée
Jusqu'en 2017, les migrants secourus en Méditerranée étaient en grande majorité pris en charge par des opérations de sauvetage conduites par l'Union européenne ou par la marine italienne. Seules les personnes présentant une urgence médicale étaient redirigées vers Malte.
Mais depuis 2017 et l'affaiblissement de la présence de navires de l'Union européenne que souligne Amnesty, La Valette se voit appelée au secours bien plus souvent.
Et si 1.445 personnes avaient débarqué à Malte en 2018, ce nombre a plus que doublé en 2019.
Cette année, près de 2.200 personnes sont arrivées sur la petite île d'un demi-million d'habitants
Et ce malgré les restrictions imposées à cause du coronavirus. En avril et mai, les autorités maltaises ont ainsi refusé tout débarquement sur la terre ferme, faisant monter ces centaines de migrants secourus à bord de ferries touristiques pour les tenir éloignés des eaux maltaises.
Si La Valette est cette fois dans le viseur, ce genre d'accusations touche aussi d'autres pays européens du pourtour méditerranéen.
Mi-août, des soldats de l'armée allemande affirmaient que des bateaux de migrants se dirigeant vers la Grèce avaient été repoussés vers les eaux territoriales turques.