Marches de l'opposition en RDC: au moins 1 mort
27 mai 2016L'opposition congolaise et de nombreuses associations avaient appelé à manifester contre l'arrêt rendu le 11 mai par la plus haute juridiction du pays. Cette dernière a autorisé le président Joseph Kabila à se maintenir au-delà de la fin de son mandat si les élections de novembre ne peuvent pas avoir lieu.
Echauffourées à Kinshasa
À Kinshasa la capitale, la police a dû disperser à coups de gaz lacrymogènes, la marche des opposants au niveau de la Maison Schenghen, sur le boulevard de la libération, après que des manifestants, qui lui faisaient face, ont essayé de franchir un barrage.
«Ce n'est pas l'itinéraire convenu, c'est de la provocation!», a dit le porte-parole de la police, ville de Kinshasa. Selon le commissaire supérieur principal Mwana-Mputu, «35 policiers ont été blessés et de nombreux engins ont été endommagés». Selon la police, l'itinéraire qui avait été convenu entre les autorités de la ville et les organisateurs de la marche, devait éviter la commune de la Gombe (Centre d'affaires). Le cortège, aux couleurs de nombreux drapeaux de divers mouvements politiques, a grossi en chemin alors que les manifestants scandaient "Non à un troisième mandat" ou encore "Telema !" (Peuple "lève-toi !" en lingala), "Kabila dégage !", "Yebela !" (Méfie-toi !").
Pour le député Martin Fayulu, l'un des organisateurs de cette marche, les manifestants ont respecté le tracé établi de commun accord avec l'Hôtel de ville. Il parle d'une mobilisation réussie. Mais Jean-Pierre Kambila, directeur de cabinet adjoint de M. Kabila, a qualifié pour sa part sur Twitter d'"échec cuisant" la mobilisation de l'opposition.
Violents heurts à Goma
A Goma, dans l'est de la RDC, plusieurs échauffourées ont eu lieu. L'experte de l'ONG Human Rights Watch Ida Sawyer a affirmé sur son compte Twitter que la police avait ouvert le feu sur des manifestants, faisant plusieurs blessés. Selon José Maria Aranaz, chef du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme en RDC, une policière et un manifestant ont été tués lors de ces heurts, mais Pierre Rombaut Mwana-Mputu, porte-parole national de la police, a affirmé qu'aucun agent n'avait perdu la vie et qu'un "pillard" avait été tué accidentellement alors qu'il tentait de subtiliser l'arme d'un policier.
D'autres grandes villes du pays touchées
A Lubumbashi, fief de l'opposant Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle ayant quitté le pays après des ennuis judiciaires, un déploiement massif des forces de l'ordre a dissuadé toute volonté d'attroupement.
A Bukavu au Sud-Kivu ,"tout s'est très bien passé, sans heurts", disent les autorités et les manifestants. Là-bas, la manifestation aurait rassemblé environ 2.500 personnes, selon le correspondant local de l'AFP.
Selon M. Aranaz, de l'ONU, à l'échelle du pays, trois manifestations se sont déroulées sans encombres, toutes dans l'est : à Bunia (Ituri) ainsi qu'à Bukavu et Uvira (Sud-Kivu).