La polygamie, c’est une entrave à la liberté de la femme, une entrave à ses choix de vie. C'est ainsi que réagissait il y a deux ans sur notre antenne Djali Amal Amadou, écrivaine camerounaise, auteure de "Les Impatientes", un livre qui parle de la polygamie au Sahel et qui lui a valu le Prix Goncourt des Lycéens en 2020.
Les chiffres sur la polygamie en Afrique varient d’un pays à l’autre. Selon le Pew Research Center, un think tank américain basé à Washington qui fait des recherches sur la vie sociale, c'est en Afrique subsaharienne que la polygamie est le plus pratiquée. Ce phénomène concerne environ 11% de la population, selon le Pew Research Center. Des chiffres qui remontent à quelques années maintenant.
Jacques de RDC est pour la polygamie. Ne pas l’être, c'est priver, dit-il, le droit aux femmes de jouir d’une vie conjugale.
Véronique du Bénin est femme au foyer, dans un ménage monogame. Elle explique ce qui pousserait les femmes à accepter la polygamie.
Epouser jusqu’à quatre femmes
Selon Lah du Mali, la première raison qui pousserait des hommes à épouser quatre femmes, c’est que la religion musulmane le permet. Notre abonné précise ainsi que son père a quatre femmes.
Abdoulaye de Niamey de Niger estime pourtant que les hommes ne devraient pas épouser plusieurs femmes surtout s’ils n’ont pas suffisamment les moyens.
Ibrahima de Bamako au Mali estime que la question de la polygamie est assez complexe. Pour l’auditeur, la polygamie présente des avantages et des inconvénients. Tout comme la monogamie.
La polygamie n'est pas prescrite, c'est-à-dire que la religion n'oblige pas les gens à être polygames. L’Islam encourage la monogamie. La polygamie, si elle doit être pratiquée, doit se limiter à quatre épouses avec des conditions très strictes, dit l’écrivaine camerounaise Djali Amal Amadou.
Jose de la province du Lomami interroge : la polygamie depuis nos ancêtres, pourquoi la refuser aujourd’hui ?
Sonny habite justement dans la province de Lomami en RDC, dans le centre du pays. Il estime que dans sa région un homme qui a une seule femme est considéré comme faible.
Discrimination à l'égard des femmes
La Commission de l'ONU pour les droits de la femme ainsi que le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, estiment que "les mariages polygames constituent une discrimination vis-à-vis des femmes » et ont recommandé leur interdiction.
Demba de Bamako au Mali est polygame : il a trois femmes. Il parle d’une expérience enrichissante et estime que la polygamie peut être une alternative au divorce.
Abdouraman lui, se plaint de la polygamie. Il habite dans le nord du Cameroun. Le jeune homme n’envisage pas du tout d’avoir plus d’une femme compte tenu des mauvaises expériences dans sa famille où le père est polygame.
Conséquences énormes
Pour Salif de Niamey, la question de la polygamie ne se pose pas chez les musulmans. Cette question n’a pas sa place en Islam, dit encore Bichir du Nigeria qui ajoute marier quatre femmes doit se faire en fonction des moyens.
Paul-Aimé du Togo dit être contre la polygamie parce que cela entraîne des problèmes à la maison, transformée du coup en un véritable ring.
Karim est dans la ville d’Amlamé, dans la région des Plateaux, dans le nord de Lomé. Il estime qu’avoir plusieurs femmes est un véritable souci.
Pour Kadiatou de Guinée, les conséquences de la polygamie sur le foyer sont pourtant très énormes.
Pour une auditrice qui a voulu garder l’anonymat, la polygamie peut entraîner un manque de confiance au niveau des conjoints.