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Les Nigériens doutent du rôle de verrou que joue leur pays

Mahamadou Abdoulkarim
23 juillet 2018

La politique migratoire du gouvernement fait débat. Alors même que le pays accueille des milliers de migrants refoulés ou stoppés aux portes du désert, les retombées de la coopération avec l'Europe se font attendre.

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Algerien Geflüchtete in Wüste ausgesetzt
Des migrants supposés avoir été lâchés dans le désert par l'AlgérieImage : picture-alliance/dpa/J. Dennis

Abdoulnasser Namata : "Si ces gens-là ne sont pas mis dans des conditions, ils peuvent sortir et faire du mal"

Perçu comme le sous-traitant africain de la politique migratoire de l'Europe, le Niger espérait d'importantes retombées économiques pour financer son développement. Depuis, que des promesses et des annonces, comme celle du président du parlement européen. En visite les 17 et 18 juillet, Antonio Tajani a affirmé qu'il plaidait pour une augmentation de l'appui de l'Union européenne au Niger.

Mais toutes ces annonces sont comme de la poudre aux yeux selon Kaka Touda, membre de l'Ong "Alternative Espace Citoyens.

"Ça fait longtemps qu'on nous fait ces annonces-là", s'exclame-t-il avant de poursuivre : "mais à vrai dire on va continuer à dire, oui on va aider le Niger. C'est la répression, on met des agences, Frontex, on met l'armée dans le désert. Aujourd'hui, en barricadant toutes les voies officielles que les migrants prennent, on a créé les conditions pour davantage dégrader la situation."

 

Italien Migration Seenotrettung Frontex
Image : picture-alliance/Zumapress/I. Romano

Des migrants refoulés par milliers

C'est par milliers que les migrants sont refoulés de l'Algérie et de la Libye notamment. D'autres candidats à la migration sont bloqués à Agadez (Nord du Niger), principal carrefour de transit. Plusieurs autres migrants sont logés dans des camps, notamment à Niamey. Une cohabitation qui n'est pas du goût de certains citoyens qui vivent à proximité du camp du HCR installé à Niamey la capitale.

Abdoulnasser Namata, habite dans une maison voisine du camp. Selon lui, "le réfugié aussi, c'est une bombe à retardement. Si ces gens-là ne sont pas mis dans des conditions, ils peuvent sortir et faire du mal."

 

Niger Flüchtlingsdrehkreuz Agadez
Des migrants subsahariens en attente à AgadezImage : picture-alliance/dpa/K. Palitza

La politique du gouvernement mise en cause

Pour certains Nigériens, les migrants devraient ainsi automatiquement être refoulés chez eux. Le Niger qui fait déjà face à une insécurité marquée ne peut pas gérer le flux de réfugiés. Voilà en résumé ce que pensent des personnes interrogées par la DW à l'instar de Dambadji Son Allah, un acteur de la société civile. 

Il vaudrait mieux selon lui, "créer les conditions pour que (ces camps) soient ailleurs. Aussitôt arrivés au Niger, que tous les migrants sauf les Nigériens aillent chez eux."

Depuis que le Niger, s'est engagé dans la lutte contre la migration, le taux de passage a chuté de plus de 90% selon l'Union européenne qui s'en félicite. Mais dans une région comme Agadez dans le Nord du pays, cette politique est qualifiée de destructrice pour l'économie. Des personnes qui vivaient du passage de ces migrants seraient désormais au chômage.