Les avocats de Mohamed Bazoum espèrent que la justice va dire le droit et rendre un verdict allant dans le sens de la libération de l’ancien président. Vendredi (10.05), la Cour d’Etat, une juridiction créée par le pouvoir en place au Niger, doit se prononcer sur la levée de l’immunité présidentielle du chef de l’Etat renversé fin juillet. Mohamed Bazoum est accusé par le pouvoir en place de haute trahison et d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Les avocats ont tenté d’obtenir mardi (23.04) le report de l’audience de ce vendredi. Les avocats ont demandé un report du délibéré, au motif que Mohamed Bazoum n'a pas été "notifié valablement" de la procédure en cours et n'a pas pu "communiquer librement" avec ses avocats.
"Si contre toute attente, la Cour devrait statuer dans le sens d'une levée de l'immunité, elle aura non seulement légalisé un véritable recel de malfaiteurs mais aussi un blanchiment des événements du 26 juillet 2023", jour du coup d'Etat, avaient estimé les avocats.
L’un des avocats de Mohamed Bazoum explique en effet que ce dernier est innocent de tout ce dont on l’accuse. Maître Seydou Diagne demande sa libération immédiate.
Nous attendons un grand sursaut des magistrats qui composent la Cour, même si on nous a empêchés non seulement d'accéder au dossier ; ce qui est interdit par la loi sur la Cour d'Etat, la loi de procédure. Nous espérons que parmi les membres de la Cour d'Etat, il y aura une majorité qui va enfin oser prendre ses responsabilités et ramener encore ce qui reste un peu d'État de droit et de démocratie au Niger pour pouvoir dire non à la junte et non à ce processus judiciaire de liquidation politique d'un président de la République démocratiquement élu et pour qui on a confisqué le pouvoir et contre qui sa personne et sa liberté ont également été séquestrés, ainsi que sa femme.
Vous demandez clairement sa libération. Mais si son immunité est levée, craignez-vous un procès ? Allez-vous défendre votre client ?
Nous n'abandonnerons jamais le président de la République à son sort.
Alors le pouvoir de Niamey l'accuse de haute trahison et d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Pensez-vous que Mohamed Bazoum paie pour son refus de n'avoir pas signé une lettre de démission ? Je rappelle que quand on vous entend, vous le considérez toujours comme le président de la République du Niger.
Ce sont des accusations fantaisistes. Haute trahison ? Il n'y a pas d'effet matériel. On ne sait même pas la consistance de l'accusation. A toutes les étapes de la procédure, nous demanderons qu'ils soient libérés. Parce que vous savez, la procédure de levée de l'immunité concerne les poursuites contre les anciens présidents de la République, les anciens chefs d'Etat, constitutionnellement élus. Maintenant il est président de la République. Il n'y a rien au Niger aujourd'hui qui annule la décision qui proclame le président Bazoum président de la République.
Est-ce que vous êtes en contact avec lui depuis le putsch de juillet dernier ?
Non, nous ne sommes pas en contact. Il est séquestré entre les mains de ses geôliers. Au début on était en contact. Nous ne savons même pas son lieu de détention. Nous n'avons aucune information. de notre client, nous n'avons même pas la preuve de vie du président Bazoum.