Indignation au Nigeria après un massacre dans une église
7 juin 2022L'attaque s'est produite pendant la célébration de la Pentecôte à l'église catholique St Francis de la ville d'Owo, dans l'Etat d'Ondo, habituellement épargné par les djihadistes et les bandes criminelles actifs dans d'autres régions du pays.
Lundi matin, d'immenses tâches de sang maculaient toujours le carrelage de l'église, ses murs et bancs en bois, témoignant de la violence de ce massacre, selon un journaliste de l'AFP sur place. Des restes humains jonchaient encore le sol.
Des armes et des explosifs
Selon les premières investigations de la police, des hommes armés ont envahi l'église en fin de matinée avec des armes et vraisemblablement des explosifs.
Les enquêteurs ont ensuite retrouvé, sur les lieux du massacre, des balles de kalashnikov et des fragments d'engins explosifs improvisés (IED), selon un communiqué de la police publié lundi soir sur Twitter. Trois engins explosifs improvisés non explosés ont aussi été retrouvés. Cette attaque, dénoncée la vieille comme un "meurtre odieux de fidèles" par le président Muhammadu Buhari, n'a pas été revendiquée.
L’analyste nigérian, Khalifa Dikwa, professeur à l’Université de Maiduguri, redoute que ce genre d’attaque cherche à déstabiliser le Nigeria, à travers notamment des violences interreligieuses, alors que l’élection présidentielle est prévue en février 2023.
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L'ONU condamne
Dans un communiqué publié samedi soir, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "fermement condamné" l'attaque "odieuse" perpétrée dimanche "qui a fait des dizaines de morts et de blessés parmi les civils alors que les gens se rassemblaient pour le service de la Pentecôte".
La présidentielle de février 2023
L'attaque est survenue à l'avant-veille du lancement par l'APC, le parti au pouvoir, de ses primaires en vue de l'élection présidentielle de 2023 pour choisir son candidat. Vingt-trois personnalités sont en lice. Plus de 2.300 délégués membres du parti, se réunissent ce mardi à Abuja.
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L'un des principaux enjeux de ce scrutin sera donc la question de la sécurité. Ce massacre dans une église du sud-ouest du pays, région pourtant quasi-épargnée par les violences, en est un cruel rappel. Le principal parti d'opposition, le Parti démocratique populaire (PDP), a déjà choisi son candidat la semaine dernière. Il s'agit de Atiku Abubakar, un musulman du nord.