Omar el-Béchir entérine la détente à Juba
12 avril 2013Les tensions qui avaient atteint leur paroxysme début 2012 ne sont pas pour autant oubliées. Il est vrai que l'annonce de la visite d'Omar el-Béchir à son homologue Salva Kiir a surpris, en début de semaine. Toutefois, la détente entamée est plutôt à mettre sur le compte de la Realpolitik.
Les tensions entre les deux Soudans existaient déjà avant l’indépendance du Sud. Principales pommes de discorde : le statut de leurs ressortissants respectifs dans l'autre Etat, le tracé de la frontière et la répartition des revenus pétroliers ; les trois quarts des gisements sont dans le sud mais le pétrole doit transiter par des pipelines qui passent par le nord pour être exporté.
Le pétrole comme levier de pression...
En janvier 2012, Salva Kiir a ordonné de cesser la production, ce qui a eu des répercussions terribles sur l’économie des deux pays. Au nord : l’activité économique a chuté de 11%, les prix ont grimpé de 28% en moyenne. L’Etat a du supprimer ses subventions au carburant et à certains produits alimentaires, ce qui a provoqué des émeutes. Mais au sud aussi, les revenus pétroliers représentent 90% des recettes engrangées par l’Etat. Le pays est l’un des plus pauvres du monde, et sans argent, pas d’école, pas d’hôpital, pas de solde pour les 400 000 fonctionnaires.
... et le différend frontalier demeure
La frontière entre les deux pays s’étend sur plus de 2000 kilomètres, et reste instable, notamment à cause de la présence de groupes rebelles. Certaines régions riches en pétrole – on y revient – sont revendiquées par les deux Etats.
En mars derniers, Khartoum et Juba ont passé un accord pour instaurer une zone démilitarisée, surveillée par des policiers désarmés et des forces onusiennes. Magdi El Gizoul, spécialiste du Soudan.
« A mon avis, le succès de cet accord dépend essentiellement de la capacité des deux capitales à négocier avec les forces armées qu’elles contrôlent plus ou moins directement. »
Un rapprochement diplomatique fragile
Omar el-Béchir a déclaré à Juba qu'il avait ordonné l'ouverture de la frontière pour permettre la reprise du trafic entre les deux pays, mais le retrait des troupes gouvernementales à la frontière risquant de provoquer un appel d’air favorable à une recrudescence d’activité de groupes rebelles ou criminels. Or pour les contrer, l’un ou l’autre des gouvernements renverrait des troupes à la frontière, entraînant un nouveau risque d’escalade.