La campagne touche à sa fin en Ouganda avant les élections du 14 janvier. À Kampala, les supporters de Yoweri Museveni sont mobilisés pour montrer le président sortant sous son meilleur jour.
"Le président Museveni a accompli beaucoup de choses" affirme Twaribu Lumala, supporter de Yoweri Museveni.
"Il a construit des routes et des écoles. Même cette maladie Covid-19, les gens croient qu'elle n'existe pas, mais le président Museveni a essayé de la contrôler, c'est pourquoi nous réussissons à la contenir. Je peux vous assurer que le président Museveni gagnera à Kampala."
Museveni au pouvoir depuis 1986
Âgé de 76 ans, le président sortant a remporté toutes les élections depuis 1996. Des scrutins marqués par l'intimidation des candidats de l'opposition et des accusations de fraude électorale.
L'arrivée au pouvoir de Museveni en 1986, après cinq ans de guérilla, avait donné de l'espoir aux Ougandais après les régimes meurtriers de Milton Obote et Idi Amin Dada. Mais la corruption, les violations des droits et le népotisme ont progressivement terni son image.
Le parlement ougandais a modifié deux fois la Constitution pour lui permettre de se présenter: en 2005, avec la suppression de la limite de deux mandats, puis en 2017, en abolissant la limite d'âge de 75 ans.
"Museveni, comme nous le savons tous, est arrivé au pouvoir en 1986 et il était très méprisant à l'égard des autres dirigeants africains qui s'étaient accrochés au pouvoir bien au-delà de la date limite. Et bien sûr, il est complètement tombé dans ce modèle", constate Peter Fabricius, consultant pour l'Institut d'études de sécurité (ISS).
Bobi Wine séduit les jeunes
Dix candidats se présentent face à Yoweri Museveni. Parmi eux, Robert Kyagulanyi, mieux connu sous le nom de Bobi Wine. À 38 ans, le chanteur attire de nombreux jeunes qui ne se reconnaissent pas dans le régime vieillissant de Museveni.
Dans un pays où 80 % de la population a moins de 30 ans et deux tiers sont au chômage, Bobi Wine s'est engagé à créer cinq millions d'emplois. Il veut aussi investir dans les services publics et relancer la croissance
"Il m'a inspiré à travailler dur et à étudier pour que je puisse exceller et je pense que Kyagulanyi Ssentamu (Bobi Wine) va changer la vie de nombreux Ougandais, et celle des Africains en général", espère Denis Walugembe, supporter de Bobi Wine.
Le pouvoir ougandais ne cache pas sa nervosité face à ce candidat populaire. Depuis le début de la campagne en novembre, les forces de sécurité ont dispersé de nombreux rassemblements de Bobi Wine.
"Libérer l'Ouganda"
Selon les autorités, ils ne respectaient pas les restrictions contre la Covid-19. Des dizaines de manifestants de l'opposition ont été tués. Bobi Wine a été arrêté à plusieurs reprises et assigné à résidence, mais il reste déterminé.
"Je ne suis pas engagé dans cette lutte pour citer le nombre de fois où j'ai été arrêté", explique le candidat.
"Je suis dans cette lutte pour libérer l'Ouganda et avant que cela ne soit accompli, je me soucie peu du nombre de fois où je suis arrêté, harcelé, battu, aspergé de gaz lacrymogène ou de poivre. Je reste concentré sur le prix."
Peter Fabricius souligne la réaction exagérée des autorités, une première dans l'histoire démocratique du pays. "Il est clair qu'il y a beaucoup de mécontentement chez les jeunes que Bobi Wine exploite avec succès. Il a l'air de secouer le régime de Museveni. Si on en juge par la réaction, la réaction exagérée à sa candidature, c'est probablement la réaction la plus extrême qu'il y ait eu à l'égard d'un candidat de l'opposition dans la politique ougandaise."
Facebook ferme des comptes proches du pouvoir
Lundi (11.01.2020), Facebook a fermé plusieurs comptes proches du pouvoir, accusés de vouloir influencer le scrutin. Mais selon des observateurs, le résultat des élections semble joué d'avance.
Yoweri Museveni a bénéficié d'une grande visibilité, tandis que la lutte contre la Covid-19 a été mise en avant pour suspendre la campagne à Kampala, fief de l'opposition.
Bobi Wine a décidé d'envoyer sa famille aux Etats-Unis pour leur sécurité.