Pas de limitation de mandat pour Merkel
21 novembre 2016Angela Merkel a annoncé dimanche son intention de briguer un quatrième mandat de chancelière en 2017. Merkel dit avoir l'intention de défendre les valeurs démocratiques en Allemagne contre le populisme. Et la Loi fondamentale allemande lui permet de se représenter.
Dans le régime parlementaire allemand, le chancelier qui dirige le gouvernement, n'est pas élu directement par le peuple. L'an prochain auront lieu les élections législatives, qui enverront les nouveaux députés au Bundestag. Et c'est le parlement qui désignera le chancelier, en fonction du choix des électeurs. Cela suffit pour assurer l'alternance, selon Frank Decker, politologue à l'Université de Bonn: les électeurs ont les cartes en main pour mettre à la retraite les dirigeants qu'ils ne veulent plus voir.
"Dans les systèmes de gouvernements parlementaires, où des élections ont lieu tous les quatre ou cinq ans, la question se règle en quelque sorte d'elle-même. De sorte que vous n'avez pas besoin de limitation de durée."
Il est déjà arrivé qu'un chef de gouvernement soit déposé par le parlement: en 1982, une motion a renversé le social-démocrate Helmut Schmidt, remplacé par le conservateur Helmut Kohl.
Dans des pays comme la France ou les États-Unis, le nombre de mandats du chef de l'État, cette fois, est limité à deux. Depuis 70 ans, l'Italie a connu vingt chefs de gouvernement, la Grande-Bretagne quinze. En revanche, les Allemands semblent privilégier la stabilité. Le premier chancelier fédéral d'Allemagne, Konrad Adenauer, est resté quatorze ans au pouvoir. Autre chancelier conservateur, Helmut Kohl, a fait quatre mandats, soit seize années aux plus hautes responsabilités. Angela Merkel n'est que le huitième chef de gouvernement de l'après-guerre. Elle est déjà au pouvoir depuis onze ans.
Quelle alternative face à Alternative für Deutschland?
Si les sondages restent plutôt favorables à celle qui est surnommée "Mutti", des voix s'élèvent aussi pour demander l'alternance. Comme le psychanalyste Hans-Joachim Maaz, qui s'exprimait dimanche soir à la télévision publique allemande.
"J'aurais aimé qu'elle ne se représente pas, qu'elle trouve une porte de sortie. Je trouve cela aussi mauvais pour le parti, car il n'y a apparemment pas d'alternative. C'est gênant pour un aussi gros parti politique, qu'il n'y ait qu'elle qui puisse faire le travail. Et je pense que cela va renforcer le parti Alternative für Deutschland, c'est clair. Car il n'y a pas de contenu. Elle propose sa personne, mais que fait-elle en réalité pour que l'AfD soit moins fort?"
Angela Merkel a prévenu que les prochaines élections législatives seront "les plus difficiles depuis la réunification allemande", notamment à cause de la montée du parti populiste et anti-réfugiés, Alternative für Deutschland.