Plus de 3.000 fonctionnaires tchadiens menacés
27 août 2019Cette décision fait suite à un audit du fichier des agents de l’Etat ayant permis de détecter près de 17.000 dossiers incomplets des fonctionnaires. Par la suite, 14.000 d'entre eux ont pu régulariser leur situation.
Mais 3.356 agents ne se sont pas présentés pour compléter leurs dossiers à la fonction publique. D’où la décision du gouvernement tchadien de suspendre leur salaire du mois d'août. Ali Mbodou Mbodoumi, ministre tchadien de la Fonction publique explique :
"C’est une mesure prise pour contraindre ces agents s’ils sont vraiment réguliers de nous transmettre rapidement leurs dossiers à l’effet de procéder à la vérification de l’authenticité de leurs diplômes. Donc sur instruction du comité de pilotage, nous avons procédé à la suspension de salaire de 3356 agents dans le cadre d’une mesure conservatoire."
Sosthène Mbernodji, écrivain et enseignant de son état n’est pas du même avis que le ministre. Selon lui, ce n’est pas la première fois que le gouvernement tchadien initie des opérations d'assainissement de l’effectif des agents de l’État sans aller jusqu’au bout.
"Déjà, en 2011 et 2012 on a fait un recensement où on a dégagé 9.000 agents de l’État supposés être des agents fictifs mais curieusement tous ces gens sont revenus."
Sosthène Mbernodji ajoute qu'"il y a des gens qui n’enseignent pas, qui sont commerçants dans les grands marchés mais qui gagnent leurs salaires parce qu’ils ont des gens bien placés au ministère, ils ont des parents députés, ministres. Tout ceci c’est pour dégager les petits fretins. Les gros morceaux on va toujours les laisser et rien ne va leur arriver."
Une opinion que partage également le journaliste Freeman Sandjimbaye.
"C’est un désordre qu’on ne peut pas qualifier. Aujourd’hui, les faux diplômes on n'en parlera jamais assez. Il y a des gens qui parce qu’ils ont battu campagne pour le régime en place ont été intégrés sans diplômes. C’est vraiment une désolation pour un État sérieux."
Maîtrise du coût de la masse salariale
Par cette opération, le gouvernement tchadien entend maîtriser les dépenses budgétaires à travers notamment une réduction du coût de la masse salariale.
Il s'agit d'un objectif convenu avec le Fond monétaire international (FMI), dans le cadre du programme d'assistance technique et financière dont bénéficie le Tchad qui fait face à une grave crise économique depuis plus de deux ans.