Le poids des jeunes Ghanéens dans l'élection présidentielle
5 décembre 2024Sur le campus de l'université du Ghana, le chômage revient dans toutes les bouches et il inquiète les jeunes plus que tout. Konadu Kyeremah, étudiante de français et de littérature, voit bien les difficultés des promotions précédentes et se demande si elle trouvera un travail après son diplôme :
"C'est une de mes plus grandes peurs parce qu'il y a des gens qui attendent depuis huit ans devant moi. Je ne sais pas si je vais rejoindre la queue, si je vais la doubler, je ne sais pas comment ça marche. On prie et on espère seulement qu'un meilleur gouvernement fasse quelque chose pour les gens qui attendent avant nous et quelque chose pour nous."
Le pays fait face à une crise de la dette, depuis 2022. Le chômage atteignait 30% chez les 15-24 ans et 22% chez les 15-35 ans au troisième trimestre 2023.
Promesses de création d'emplois
Ce dernier groupe pèse lourdement dans le vote car il représente 55% des citoyens inscrits. Les candidats en ont fait une priorité.
Mahamudu Bawumia, du NPP, promet la création d'un million de postes dans le secteur du numérique. Son opposant du NDC, John Mahama, propose de développer l'agriculture et l'industrie de la transformation alimentaire.
Les jeunes préfèreraient ce dernier candidat, selon les enquêtes réalisées, affirme Mussa Dankwah, directeur de l'entreprise de sondage Global InfoAnalytics : "Pour le moment, je pense que John Mahama est préféré à plus de 48% par les jeunes et Bawumia est aux alentours de 39%. Donc on peut voir clairement qui a l'avantage parmi les primo-électeurs et les jeunes."
Les jeunes iront-ils voter ?
Mais encore faut-il qu'ils votent. Les primo-électeurs, jusqu'à 21 ans, représentent seulement 4% des inscrits sur les listes électorales. Pour s'inscrire, comme pour voter, il fallait faire la queue debout, sous le soleil, et cela a pu en décourager certains dans cette génération du numérique, d'après les témoignages. Mussa Dankwah a remarqué que la majorité des abstentionnistes, dans ses sondages, étaient des jeunes :
"Ça a des conséquences car si un candidat compte sur le vote des jeunes dans les sondages et qu'ils ne viennent pas, ses résultats seront bien plus faibles qu'espérés. Et aussi, ça montre qu'ils sont désengagés du processus politique, ce qui n'est pas une bonne chose pour un pays de jeunes comme le nôtre."
Quel que soit le vainqueur, le prochain président n'aura qu'une faible marge de manœuvre pour créer de l'emploi et satisfaire cette masse salariale très jeune.