Premier voyage officiel de Karl-Walter Steinmeier aux USA
28 novembre 2005Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans des circonstances normales, il y aurait déjà pas mal de choses à remettre en ordre dans les relations germano-américaines. Seulement voilà, ce ne sont pas des circonstances normales. Certes, il n’y a rien à redire à l’arrestation et au transport pour interrogatoire de présumés coupables. Par contre, il est intolérable que des prisonniers soient torturés où que ce soit et par qui que ce soit. Ici, le gouvernement américain aurait une belle occasion de remettre certaines pendules à l’heure.
Pour le Stadt-Anzeiger de Cologne, l’opinion occidentale ferait preuve d’une certaine tolérance envers les Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme si elle avait confiance dans le gouvernement de Washington et dans ses services secrets. Mais c’est justement là que le bât blesse. Après les attentats du 11 septembre, les USA doivent apprendre à sauvegarder leurs normes démocratiques et ne pas répondre à la barbarie par de nouvelles injustices. En abandonnant ses principes, un état démocratique court à la catastrophe.
Est-ce là une mission impossible pour le représentant SPD de la nouvelle grande coalition, s’interroge le Westfälischen Anzeiger. En tout cas, c’est une mission difficile. D’autant que les relations entre Berlin et Washington portent encore les blessures infligées lors du refus de Schröder de participer à la guerre en Irak. Mais faire le silence sur cette affaire serait fatal pour le nouveau gouvernement allemand et indigne de la fonction de chef de la diplomatie, quelle que soit la couleur politique de son titulaire.
La Süddeutsche Zeitung s’étonne de la discrétion dont fait preuve Berlin au sujet des rapports sur ces prétendus camps secrets et centres de tortures de la CIA en Europe. D’autres capitales européennes sont ici beaucoup plus directes et plus fidèles à leurs principes. Apparemment, Merkel et Steinmeier se sentent gênés par la manière dont la guerre en Irak a modifié la perception allemande de l’ancienne puissance protectrice.
Pour le Financial Times Deutschland enfin, Frank-Walter Steinmeier ne pourra pas éviter de poser quelques questions critiques à Condoleeza Rice. Une mission d’autant plus délicate que les preuves manquent. Mais entre amis, il est parfaitement normal d’évoquer clairement des points de litige. Et lorsqu’on partage les mêmes valeurs, la franchise est même un devoir, conclut le quotidien.