Pretoria veut négocier la paix en Ukraine
17 mai 2023La mission de paix de six dirigeants africains en Ukraine et en Russie annoncée mardi (16.05.2023) par le président sud-africain Cyril Ramphosa, devrait se concrétiser dès début juin, a annoncé un responsable des Affaires étrangères.
"Les dates restent à confirmer mais début juin les six chefs d'État feront la navette entre les deux capitales afin de faciliter les pourparlers de paix", a déclaré ce mercredi Zane Dangor, directeur général du ministère des Affaires étrangères, à un groupe de parlementaires. "Nous nous sommes aussi rapprochés d'autres acteurs, dont les Etats-Unis", a-t-il ajouté, soulignant que "cette initiative bénéficie d'un soutien général".
Proche du Kremlin depuis l'époque de la lutte contre l'apartheid, l'Afrique du Sud a toujours refusé de condamner l'invasion de l'Ukraine, affirmant rester "neutre" et vouloir privilégier le dialogue.
Quelles sont donc les chances de cette mission et pourquoi l'Afrique du Sud tient-elle tant à endosser ce rôle de médiatrice ? Eléments de réponse ci-dessous avec Koffi Kouakou, chercheur à l'Université de Johannesburg.
Retranscription de l'interview
Koffi Kouakou : C'est une surprise. On reste un peu sceptique, on n'est pas très sûr vraiment d'où ça sort. Bon, c'est vrai, il y a la peur, il y a le fait que c'est fort possible que la guerre en Ukraine se transforme en quelque chose de global et tout ça.
Mais c'est aussi un bon, très bon coup de relations publiques. Ecoutez, ces gens là, ils ont des problèmes chez eux. Et qu'est ce qu'ils veulent faire encore en Ukraine ?
Bon, c'est un peu contradictoire, mais il faut quand même leur donner un peu de chance pour voir si c'est possible.
DW : Monsieur Ramaphosa a quand même précisé que les deux parties, donc Moscou et Kiev, avaient la volonté d'accueillir cette mission, donc c'est quand même un signe qu'il est pris au sérieux là-bas...
Koffi Kouakou : C'est un signe positif. Bon, il faut comprendre aussi que ce soit Moscou ou Kiev, ils sont en train de se présenter comme des gens de paix. Donc ils vont toujours dire "oui, on a besoin de gens, il n'y a pas de problème" mais en réalité, dans les détails, ça va être très, très difficile d'avoir une paix en ce moment. Je ne vois pas vraiment comment ce groupe d'Africains, de leaders africains réussiront à créer la paix. Ce sera vraiment un miracle extraordinaire.
DW : L'Afrique du Sud s'est entourée pour cette mission de cinq autres pays et notamment le Sénégal et le Congo. Comment expliquez vous ce choix ?
Ce choix est un peu arbitraire. Il n'y a pas vraiment de lien très clair, cohérent qui montre la relation entre le Congo, le Sénégal, la Zambie, l'Ouganda, l'Egypte et l'Afrique du Sud. On est tous perplexes. On se demande comment ils ont fait ce choix.
Pourquoi, par exemple, on n'a pas donné l'aval à l'Union africaine, sinon au président de l'Union africaine, le président de Comores, pour gérer ça ? Ou bien donner l'occasion à des anciens présidents africains comme le président Thabo Mbeki ou le président du Mozambique à faire partie de ce groupe là. Il y a vraiment beaucoup de surprises.
Ce serait intéressant de voir cette même urgence, intérêt et action vis-à-vis des problèmes africains, au Congo, comme au Mali, sinon au Burkina-Faso. Et c'est ce qu'on veut voir un peu plus.