Prison en Afrique: mieux sécuriser pour limiter les évasions
2 juin 2021Une évasion qui défraie la chronique au Sénégal. Celle de Baye Modou Faye surnommé "boy djinné" (le jeune génie). Après s’être échappé de la prison où il était incarcéré, il a accordé une interview à une chaîne de télévision privée.
Cette évasion rocambolesque relance le débat sur les conditions de détention sur le continent africain où les prisons sont souvent surpeuplées et insalubres. Mais elle pose également la question de la sécurisation des centres de détention et le danger que représentent les évasions pour la société.
Des effectifs pléthoriques, des conditions d’hygiène souvent déplorables, des détenus qui parfois attendent très longtemps avant d’être jugés… c’est souvent la triste réalité dans les prisons en Afrique. Une situation qui pousse certains détenus à préférer s’évader.
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Un danger pour la société
Dans des pays comme la RDC, les évasions peuvent parfois être spectaculaires. En octobre 2020, plus de 1.300 détenus se sont ainsi échappés de la prison de Beni, dans le Nord-Kivu. Parmi eux, des centaines de combattants de la milice ADF.
Me Pax André-Marie Kito Masimango, coordonnateur régional de la Coalition des ONG pour la démocratie et la justice en Afrique (Codja), revient sur les dangers qu’un détenu évadé peut représenter pour la société.
" Lorsque le bourreau n’est plus sous le contrôle de l’Etat, la première des choses qui est dans sa tête est d’aller chercher sa victime pour l’anéantir. Achever sa victime avant de s’enfuir. Tel que je le vois en RDC et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, il n’y a aucune prison qui a une haute sécurité. Etant donné la construction de la plupart des prisons, ce sont des bâtiments qui facilitent l’évasion " explique t-il.
Outre l’architecture qui parfois pose un problème, il y a aussi la corruption de certains gardiens qui peuvent aider les détenus à s’évader.
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Renforcer la sécurité
Balbylas Gbaguidi est le coordinateur de Prisonniers sans frontière au Bénin qui mène des actions pour améliorer le quotidien des détenus. Il assure que l’évasion est un sujet souvent abordé avec ces derniers.
" Nous leur expliquons que quand ils s’évadent, cela complique leur situation. Si on les surprend, la sécurité ne va pas les laisser partir, il peut y avoir des coups de feu. Ces coups de feu peuvent tuer, briser les jambes. Quand ils tombent de l’autre côté, la population peut penser que ce détenu est dangereux et la vindicte populaire va s’ensuivre. Cela relève de n’importe quel Etat de pouvoir prendre les mesures sécuritaires en érigeant des clôtures plus élevées, en les réparant, en mettant parfois des barbelés et en renforçant aussi l’effectif de la garde sécuritaire " précise t-il.
Conscient des lacunes du système carcéral en Afrique, de nombreux pays du continent s’efforcent donc d’améliorer les standards de sécurité des centres de détention et de lutter contre la corruption du personnel pénitentiaire.