Prison à vie pour un colonel syrien condamné en Allemagne
13 janvier 2022Le verdict prononcé par le tribunal de Coblence est qualifié d'"historique" par les ONG de défense des droits humains. Anwar R. a en effet été condamné pour crimes contre l'humanité, 27 homicides, torture et autres crimes à une peine de prison à perpétuité. Cet homme est un ancien agent des services de renseignements syriens et son procès est une première au monde.
Torture, viol, meurtres
Aujourd'hui âgé de 58 ans, Anwar R. n'a pas montré d'émotion particulière en entendant sa condamnation à la prison à perpétuité. Il s'est d'ailleurs tu durant tout son procès.
Ce colonel syrien a dirigé une prison secrète à Damas. Ses crimes - des dizaines de meurtres, des milliers de cas de torture, des viols, des coups et blessures, des privations de liberté - il les a perpétrés en Syrie, au début de la guerre civile, entre 2011 et 2012.
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Son affaire a été portée devant la justice allemande parce que plusieurs de ses victimes ont fui vers l'Allemagne et l'ont reconnu. Il a été arrêté en 2019 à Berlin, où il avait demandé l'asile.
Compétence universelle
Ce procès, ouvert fin avril 2020, est le premier au monde à avoir exposé devant la justice le régime de Bachar al-Assad. La justice allemande a pu être saisie du dossier en vertu de sa compétence universelle.
C'est en cela qu'il est historique aux yeux des défenseurs des droits humains.
Kenneth Roth, directeur exécutif de l'ONG Human Rights Watch, se réjouit d'un verdict "vraiment historique parce qu'il montre que la Russie, parfois aidée par la Chine, a beau avoir tout mis en œuvre pour faire échouer l'ouverture du procès, devant la Cour pénale internationale, des atrocités syriennes, il y a toujours une alternative : recourir à une juridiction nationale, en vertu du principe de compétence universelle, l'idée que les crimes de guerre, les atrocités de masse peuvent être jugés n'importe où."
L'espoir des victimes
Au-delà de leur quête de justice, les victimes qui ont déposé à ce procès espèrent donc que ce verdict permettra de faire changer les choses dans leur pays d'origine. L'une d'entre elles, Wassim Mukdad, explique que son combat "est d'instaurer un Etat de droit en Syrie, pour résoudre nos problèmes par le droit, et non par la vengeance et la violence."
Il ajoute : "C'est la Syrie dont je rêve [...] et j'espère que beaucoup de Syriens partageront ce combat avec moi afin de construire une meilleure Syrie."
En février dernier, un autre agent, moins gradé, du renseignement syrien avait déjà été condamné dans la même affaire.
D'autres procès suivront en Allemagne et dans cinq autres pays où d'autres plaintes ont été déposées.