Pétition pour la reconnaissance du génocide herero
9 juillet 2015Il y a cent ans jour pour jour prenait fin l'ère coloniale allemande dans ce qui est aujourd'hui la Namibie. L'occasion de revenir sur un chapître historique qui n'est toujours pas clos entre les deux pays: le massacre des peuples herero, san, damara et nama, par des troupes coloniales allemandes.
L'Allemagne ne reconnaît pas le terme de "génocide" pour ces tueries perpétrées dans l'actuelle Namibie, entre 1904 et 1908.
Les descendants des victimes réclament, eux, une reconnaissance du terme... et des dédommagements. Un groupe de représentants de six ONG allemandes et une députée namibienne ont tenté de faire parvenir une pétition au président allemand, Joachim Gauck, pour appuyer ces réclamations. Sans succès.
Déception à Berlin
Ida Hoffmann est députée en Namibie. Elle s'est déplacée jusqu'à Berlin pour remettre à Joachim Gauck les signatures récoltées par des ONG, pour la reconnaissance du génocide. Mais le président allemand ne les a pas reçus. Un refus en forme d'affront, pour Ida Hoffmann.
"Des citoyens allemands ont décidé de signer la pétition. Et nous leur en sommes reconnaissants. Nous sommes venus exprès... tout ça pour être déçus."
La députée et les ONG réclament avant tout des excuses officielles des autorités allemandes. Entre 1904 et 1908, des dizaines de milliers de personnes sont massacrées par les troupes coloniales allemandes dans la région du Waterberg, dans le nord de ce qui est encore appelé à l'époque – et jusqu'en 1918 – le Sud-ouest africain, l'actuelle Namibie. Sur ordre de l'empereur Guillaume II, les colons allemands assassinent 80% des Hereros et près de la moitié du peuple nama, qui avaient eu l'audace de se soulever contre la puissance coloniale.
"Rendez-vous les ossements!"
Les pétitionnaires ont quatre revendications principales, comme l'explique Christian Kopp, de Berlin Postcolonial.
"D'abord la reconnaissance du terme de génocide, ensuite des excuses au plus haut niveau de l'exécutif, du gouvernement, du président, de la chancellerie, et même du Parlement, troisièmement, le retour de tous les restes humains et enfin que le gouvernement entame des négociations directes avec les Hereros et les Nama."
Les restes humains évoqués par Christian Kopp sont des ossements et des crânes de victimes envoyés en Allemagne à des fins pseudo-scientifiques. Ils ont été examinés pour prouver la supposée supériorité de la race blanche, puis entreposés dans des musées ou vendus à des collectionneurs privés. Seule une partie de ces sinistres trophées a été rendue à la Namibie. Les descendants veulent qu'ils leur soient rendus en totalité et que l'Allemagne leur verse des réparations. Et si Berlin continue de faire la sourde oreille, ils comptent engager une action en justice.