Quand les alliances politiques virent à la haine
30 avril 2020Le cas le plus récent est celui de Guillaume Soro, l’ex-chef rebelle, qui était jusqu’à l’année dernière l’un des alliés les plus fidèles du président ivoirien, Alassane Ouattara.
Dans la plupart des cas, les ennuis commencent dès que le poulain décide de s’affranchir de son mentor.
Des choix qui passent mal en raison des réalités socioculturelles des pays africains.
"Dans la tradition, le chef, tant qu’il est en vie, ne se voit pas un remplaçant. Ou en tout cas, il estime que si quelqu’un se manifeste pour être son remplaçant, ça peut être mal perçu. Donc, il y a autant de facteurs qui peuvent amener à créer des conditions de séparation et qui expliquent le passage de l’alliance à la haine", explique le journaliste et analyste politique, Seidik Abba.
Instrumentalisation
Le journaliste Seidik Abba regrette par ailleurs que les pouvoirs en Afrique se servent de l’appareil judiciaire pour éliminer politiquement leurs anciens alliés.
Il cite notamment le cas de l’opposant Hama Amadou au Niger ou de l’homme d’affaires béninois Sebastien Ajavon. Mais le politologue Dieudonné Wamu Oyatambwe demande à ceux qui veulent s’affranchir d’être irréprochables.
"C’est quand même un grand problème pour nos acteurs politiques de pouvoir garder un casier judiciaire assez vierge. Surtout, d’avoir des mains suffisamment propres pour ne pas être trop fragile quand on a à affronter des situations où les alliés politiques deviennent vos adversaires", soutient-il.
Saine compétition
En Europe aussi, il existe ce genre d’inimitiés : Chirac-Sarkozy, Hollande-Macron. Mais le combat s’arrête sur le terrain politique, rétorque Seidik Abba.
"Qui n’est pas avec moi est contre moi. Donc, il suffit que quelqu’un prenne ses distances vis-à-vis de vous pour que vous le considériez comme étant devenu votre ennemi. Non. Je crois qu’il faut qu’on accepte aussi que certains parcours politiques puissent converger à un moment donné et diverger à d’autres moments. Et que quelqu’un qui a été votre ministre, votre conseiller ou votre collaborateur puise aussi un jour vouloir voler de ses propres ailes", plaide Dieudonné Wamu Oyatambwe qui invite l’élite dirigeante africaine à respecter les principes de saine compétition politique et de gestion sans rancœur des affaires de l’Etat.
De nombreux coups d’Etat militaires sur le continent ont été opérés par les bras droit des dirigeants au pouvoir. Et les alliances politiques tournent souvent en haine viscérale.