Que sont devenus les putschistes maliens ?
21 mars 2014Dans les rues de Bamako, on n'entend presque plus parler d'eux. Et s'ils continuent de faire la Une des journaux, c'est surtout à cause de leurs déboires judiciaires. Après avoir régné en maîtres absolus pendant un certain temps et beaucoup influé sur la marche de la transition, les auteurs du coup d'État de mars 2012 au Mali sont aujourd'hui pour la plupart aux arrêts, accusés d'assassinats et de complicité d'assassinats dans l'affaire dite des bérets rouges, mais aussi dans celle de la mutinerie du 30 septembre dernier.
Une juste évolution des choses, selon Amadou Koita, le porte parole du FDR, le front anti putsch constitué au lendemain des événements de mars 2012 :
« Ces putschistes qui s'étaient présentés comme des libérateurs, comme de grands patriotes, se révèlent être en fait des hommes sans foi ni loi qui étaient prêts à aller jusqu'au bout pour conserver le pouvoir, même au prix du sang. Donc ils méritent leur sort et nous souhaitons que la justice soit rendue au nom des victimes, au nom des parents de ces bérêts rouges, au nom de l'armée malienne et du peuple malien. »
Dans le camp de ceux qui avaient soutenu le coup d'État perpétré par le capitaine Sanogo, le discours est tout autre. Les responsables du Mouvement populaire du 22 mars crient au complot orchestré depuis l'extérieur et au règlement de compte politique. Perignama Sylla est le secrétaire général du MP22 :
« En réalité c'est le procès du 22 mars qu'on veut faire. Or malheureusement, pour la France et ses affidés, le coup d'Etat a été amnistié par l'Assemblée nationale malienne. Alors on cherche des histoires autour de 21 bérets rouges disparus pour tenter d'incriminer les tenants du putsch. Même si cela était vrai, des dizaines et des dizaines de personnes ne peuvent pas être impliquées dans ces disparitions-là. »
De leur côté, les organisations de défense des droits de l'homme saluent « une justice en marche au Mali ». Une avancée importante contre l'impunité selon l'AMDH et la FIDH qui notent cependant que beaucoup reste à faire en matière de justice, notamment dans les dossiers des crimes commis au nord du pays.