La société civile se radicalise en RDC
22 juillet 2024Dans l'est de la République démocratique du Congo, un certain nombre d’organisations de la société civile, exaspérées par un conflit qui n’en finit pas, semblent avoir choisi de soutenir la guerre plutôt qu’une résolution pacifique.
Marion Ngavo fait partie de ce camp. Il est le président de la société civile de la ville de Goma et il explique son attitude par l’échec des moyens pacifiques. Il cite l'inefficacité de la trêve humanitaire qui vient d’être prolongée et qui, selon lui, a profité à aux rebelles du M23 :
"Cette histoire de trêve est une distraction pure et simple. Pendant la première trêve, les ONG nationales, internationales et les agences des Nations unies n'ont pas été très visibles au chevet des déplacés qui aujourd'hui manquent de tout. Malheureusement, l'ennemi a attaqué certaines entités vers le Sud-Kivu et le sud-ouest du territoire de Lubero et il s'est réorganisé", estime Marion Ngavo.
La guerre comme unique solution
Pour Dieumerci Safari, défenseur des droits de l'Homme et spécialiste des questions de sécurité, la société civile imite l’attitude du gouvernement congolais qui refuse de dialoguer avec les rebelles du M23, identifiés comme des terroristes. Il estime lui aussi que la guerre est l’unique solution :
"L'armée congolaise doit attaquer et tirer sur les rebelles du M23, parce que le gouvernement ne veut pas négocier, et la seule option qui reste, c'est la guerre. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Si nous ne négocions pas, nous devons frapper", martèle le spécialiste de la sécurité.
Donner sa chance à la voie diplomatique ?
Mais face à cette tendance à privilégier la guerre, certains jeunes ont créé un mouvement dit de "fraternité" qui, pour sa part, prône le dialogue entre les parties adverses. Alidor Pilipili, membre de ce mouvement, estime que ´l’atmosphère belliqueuse actuelle est dangereuse et il pense que les autorités congolaises doivent rencontrer leurs homologues rwandais, pourtant accusés de soutenir la rébellion du M23.
"Il faut qu'on se dise la vérité, car depuis que la guerre a débuté, on sait ce que l'armée nous a produit. La solution qui s'avère effective aujourd'hui, c'est la voie diplomatique. Parce que si cette trêve peut passer à un cessez-le-feu et que les deux chefs d'Etat se rencontrent pour s'entendre, la population aura la paix", assure Alidor Pilipili.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, la trêve humanitaire entrée en vigueur le 19 juillet a été prolongée jusqu'au 3 août. Face à l'arrêt des combats sur certaines lignes de front, la population attend avec impatience une accalmie définitive qui permettra à des milliers de déplacés internes de rentrer chez eux.