Le difficile accueil des déplacées du Nord-Kivu
3 juillet 2024La situation humanitaire dans le nord de la province du Nord-Kivu se détériore rapidement, avec un afflux de déplacés fuyant les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
Contrairement à Goma, il n'y a pas de camps de déplacés dans le territoire de Lubero, où ce sont les familles locales qui accueillent les déplacés. Ceux qui ne trouvent pas de famille d'accueil dorment dehors et sont sans assistance humanitaire.
Des organisations comme Mercy Corps apportent une aide financière aux familles hôtes pour répondre aux besoins immédiats. Cependant, la montée de la violence, comme l’a montré l'attaque d'un convoi de l’ONG Tearfund à Butembo, complique le travail des humanitaires dans la région.
"Nous sommes tous des déplacés"
Simon Paluku Visika, chef du groupe Itala dans le territoire de Lubero, explique que "la différence entre Goma et ici, c’est qu’à Goma, ils ne sont pas dans des familles d’accueil, ils sont dans des camps de déplacés. Mais ici, nous n’avons pas de camps des déplacés, nous les accueillons dans nos maisons. J’ai dit à la population que tous, nous sommes des déplacés, car on ne sait pas jusqu’où va aller cette guerre. Si un déplacé arrive, accueillez-le bien".
Les déplacés n’ayant pas trouvé de famille d’accueil dorment où ils le peuvent, sans abri.
Face à cette situation, des organisations humanitaires s’efforcent d’organiser l’assistance en fonction des besoins.
Patrick Njero travaille pour l’organisation humanitaire Mercy Corps. Il explique qu’à "Kayna, c’est une intervention financée par l’Union européenne qui est le plus gros bailleur que nous ayons, et donc qui fournit assez de financement pour nous permettre de couvrir les besoins des personnes qui sont en situation de vulnérabilité dans l’est de la RDC. Dans le grand nord, 80% des déplacés vivent dans des familles d’accueil et donc dans des conditions difficiles. Ils partagent les mêmes ressources avec les familles d’accueil et ont un impact négatif dans les familles d’accueil. Dans la stratégie Mercy Corps, nous ne ciblons pas seulement les déplacés, mais nous ciblons aussi les familles d’accueil".
Des humanitaires agressés
Dans le nord de la province du Nord-Kivu, surtout dans le territoire de Butembo, s’observe une montée des comportements agressifs à l’encontre des organisations humanitaires.
Un convoi appartenant à l’ONG belge Tearfund a été attaqué par des jeunes se présentant comme des "surveillants", dimanche dernier (30.07), dans un contexte de combats qui s’intensifient, dans le Nord-Kivu, avec notamment l'avancée rapide des rebelles du M23, après la prise de la cité de Kanyabayonga, le 28 juin.