RDC: la hiérarchie de l'armée fait peau neuve
16 juillet 2018Le général John Numbi dirigeait la police congolaise au moment de l'assassinat du célèbre défenseur des droits de l'homme Floribert Chebeya. Son retour suscite des inquiétudes au regard de son passé sulfureux, car il est considéré par de nombreuses ONG de défense des droits de l’homme comme le suspect numéro un dans l'assassinat en 2010 de Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana.
Le nouvel inspecteur général des FARDC est aussi sous le coup de sanctions : américaines, suisses et de l’Union Européenne, pour son rôle présumé dans la répression des manifestations pacifiques entre 2007 et 2010. "Il avait été désavoué après l'assassinat de Floribert Chebeya. Il avait été mis un peu dans l'ombre. Mais, il restait un homme fort, un homme influent. Il avait été pratiquement réhabilité voici quelques semaines, où il avait réintégré les forces armées et ça reste un élément de poids dans l'entourage du chef de l'Etat", témoigne Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge "Le Soir", et qui connaît bien le Congo.
D’autres fidèles positionnés
Le président congolais Joseph Kabila a également nommé le lieutenant-général Célestin Mbala au poste de chef d'État-major général, tandis que le général Gabriel Amisi devient chef d'État-major adjoint, donc le numéro 2 de l’armée. Celui-ci est soupçonné par les USA de s'être "engagé dans des actions qui ont sapé le processus démocratique dans son pays et d’avoir réprimé les libertés et droits politiques du peuple congolais". Cet ancien rebelle pendant la deuxième guerre du Congo entre 1998 et 2003 avait été suspendu de ses fonctions de chef d'État-major de l'armée de terre en 2012. Les experts de l’ONU l’accusaient à l’époque d'être à la tête d'un trafic d'armes à destination de groupes rebelles qui écument l'Est de la RDC. Mais en 2014, il a été blanchi par le Conseil supérieur de la défense, avant d’être nommé à la tête de la première zone de défense congolaise.
Admis à la retraite, le général Didier Etumba est lui nommé conseiller militaire du chef de l'État.
Inquiétudes
À moins de six mois de l’élection présidentielle de décembre, ces séries de nominations opérées par le président Joseph Kabila ne rassurent pas non plus Pieter-Jan Hamels, chargé de plaidoyer pour l'Afrique Centrale pour l'organisation belge 11.11.11.
"Il semble donner un signal selon lequel les sanctions comme celles à l'encontre d'Amissi et de Numbi ne le concerne pas. Et que même quand les gens sont sanctionnés, il peut les nommer et même les promouvoir à des postes à responsabilité. C'est un signal lancé à la communauté internationale. Il semble qu'il ne se prépare pas pour une période pré-électorale et électorale apaisée. Mais bien le contraire", soutient Pieter-Jan Hamels.
Joint par la DW, Florence Marchal, la porte-parole de la MONUSCO, n’a pas souhaité réagir à ce changement intervenu à la tête de l’armée estimant que cela relevait du pouvoir discrétionnaire du président congolais. C’est la même réponse qu’a donnée Lambert Mendé Omalanga, le porte-parole du gouvernement congolais.