L'est de la RDC toujours en quête de paix
27 janvier 2023A Kitshanga, à environ 100 kilomètres à l'ouest de Goma, dans le territoire de Masisi, dans le Nord-Kivu, les rebelles du M23 qui viennent de prendre la ville y ont passé leur première nuit.
La chute de Kitshanga, tombée entre les mains des rebelles du M23, est le dernier épisode des combats qui se poursuivent entre ce mouvement qui serait soutenu par le Rwanda et les FARDC, les soldats de l'armée congolaise.
Alors que Kitshanga est présenté comme une cité qui servait de base arrière pour les forces d'autodéfense du territoire de Masisi, les risques de représailles contre la population sont bien réels.
Surtout après les événements de Kishishe. Au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, avaient été exécutés par balle ou à l'arme blanche, fin novembre, dans deux villages de l'est du pays, selon une enquête préliminaire de l'Onu qui accuse la rébellion du M23.
Les autorités de Kinshasa avaient évoqué un bilan d'environ 300 morts dans le village de Kishishe, dans la province du Nord-Kivu. Aux victimes de ces massacres s'ajoutent les corps retrouvés récemment par des Casques bleus dans des fosses communes dans la province voisine de l'Ituri, ainsi que les victimes des combats entre rebelles et soldats congolais, ceux-ci devant affronter d'autres groupes armés comme les ADF, qui ont fait allégeance à l'Etat islamique.
La paix de plus en plus loin
Pourtant, des initiatives diplomatiques ont été entreprises à Luanda ainsi qu'à Nairobi pour que les groupes armés opérant dans l'est de la RDC, pour certains depuis près de 30 ans, déposent enfin les armes et choisissent la voie du dialogue.
Un dialogue que le gouvernement congolais refuse toutefois d'entamer avec le M23, qu'il qualifie de mouvement "terroriste" soutenu par le Rwanda.
Kigali, de son côté, conteste cette version et accuse en retour l'armée congolaise de collusion avec des rebelles hutus rwandais, les FDLR, implantés en RDC depuis le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda. Des accusations que nie également Kinshasa.
Par ailleurs, le risque d'escalade et d'une guerre directe entre la RDC et le Rwanda n'est pas à écarter. Cette semaine, l'incident frontalier qui a vu la défense aérienne rwandaise tirer sur un avion de chasse congolais est venu rappeler combien les deux pays sont au bord de la confrontation.
Une campagne de soutien
Sur le terrain, le nombre des victimes de massacres continuent d'augmenter tandis qu'on semble s'éloigner de réels pourparlers et d'un retour de la paix.
C'est dans ce contexte que se déroule depuis jeudi (26.01) en RDC une campagne pour soutenir l’armée du pays. Elle a été lancée par la Dynamique d'éveil et de sursaut patriotique, une coalition d’organisations de la société civile, et cible surtout les jeunes qui sont appelés à s’engager au sein de l'armée nationale. Cette initiative intervient alors que la tension s’accroit dans l’est du pays entre la RDC et le Rwanda.
Selon l'abbé Jean-Bosco Bahala, président de cette coalition, "cette question de défense de la nation concerne tout le peuple parce que c'est nous qui souffrons. C'est nous qui donnons des soldats pour la République. Les soldats viennent de nos familles. C'est le peuple qui paie aussi pour les soldats parce que ce sont nos impôts qui donnent la solde aux militaires. Nous sommes donc concernés.
La campagne viserait à convaincre et à expliquer aux population l'intérêt d'être recruté par l'armée.
Jean-Bosco Bahala, "ce n'est plus une armée d'indisciplinés ou une armée de gens qui sont contre les civils. Non. C'est une armée où le soldat sera un homme respecté, qui collabore avec les civils pour protéger la nation.
Cette campagne en cours est une initiative des coordinations de la société civile des provinces qui font face à la violence des groupes armés en RDC. Il s'agit de l'Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Tanganyika et du Maniema.