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Colère des habitants en RDC après la prise d’une cité clé

Zanem Nety Zaidi
6 janvier 2025

Les rebelles du M23 ont réussi à prendre le contrôle de la cité de Masisi centre, chef-lieu du territoire portant le même nom, dans le Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.

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Des personnes se rassemblent à côté de véhicules de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) dans le cadre de la mission de la SADC alors qu'elles fuient le territoire de Masisi à la suite d'affrontements (07.02.2024)
Les populations civiles en veulent au gouvernement de Kinshasa après cette nouvelle avancée du M23Image : AUBIN MUKONI/AFP

C'est après quatre jours d'intenses affrontements que les agglomérations de Katale, Lushebere et Masisi centre sont finalement passées entre les mains des rebelles du M23, le samedi 4 janvier autour de quatorze heures. 

Cette nouvelle a semé la désolation dans le chef-lieu des habitants de Masisi.  

Jérôme Musiromi, habitant de la ville, demande au gouvernement de Kinshasa d'avouer sa défaite et d'appeler officiellement le peuple à se prendre en charge.

"Voir la cité de Masisi sous l'emprise du M23, me fait beaucoup de peine. Il faut peut-être que le gouvernement qui semble avoir atteint ses limites, demande à toute la population de prendre les armes et de se défendre", soutient Jérôme Musiromi.

Et d’exhorter :  "Que tous les policiers, les soldats et même les démobilisés, s'impliquent dans la guerre. Sinon, ça fait pitié de voir comment l'ennemi nous marche dessus."  

Repli stratégique de l’armée congolaise 

Les militaires FARDC et les Wazalendo qui étaient sur le front de Masisi se sont repliés un peu plus à l'ouest se rapprochant de la limite avec la province du Sud-Kivu.  

Ecoutez le sujet de notre correspondant à Goma, Zanem Nety Zaidi

Constantin Kanane, un général muzalendo autoproclamé, contacté en pleine ligne de front à Bweremana au sud du territoire de Masisi, attribue cette défaite à la négligence des autorités militaires des forces armées de la RDC

"Les Wazalendo sont déterminés à repousser l'ennemi, mais c'est la légèreté des autorités qui fait défaut. Lorsqu'on leur demande ce dont on a besoin pour freiner l'avancée de l'ennemi, elles traînent à répondre à la demande des Wazalendo."

Pour Constantin Kanane, "quand l'ennemi passe à l'offensive, nous nous retrouvons dans l'échec et c'est comme ça que la cité de Masisi est tombée. Partout là où nous enregistrons des échecs, ils dépendent de la négligence des autorités militaires"

L’état de siège inefficace  

La société civile du Congo dont Guel Mamlaka est le président en province du Nord-Kivu, estime que la mesure d'état de siège doit être levée dans cette entité car ayant déjà montré ses limites. Selon lui, il faut permettre aux officiers militaires de se concentrer sur la guerre. 

Un rebelle du M23 près de Goma (23.12.2022)
La rébellion du M23 s'est emparée de vastes pans de territoire dans l'est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflitsImage : Arlette Bashizi/REUTERS

"Pas plus tard que samedi, Masisi centre est passé sous la gestion du Rwanda sous le label du M23, et cela veut simplement dire que les autorités ne sont pas en train d'assurer leur travail."

"Aujourd'hui, constate Guel Mamlaka, tous les territoires sont envahis, parce que même à Beni il y a les ADF. Nous pensons que l'état de siège n'a pas joué complètement son rôle, celui de rétablir la situation sécuritaire." 

Dans une publication sur son compte X, le porte-parole politique du M23, Laurence KANYUKA, a justifié l'offensive sur la cité de Masisi au fait que l'armée congolaise y planifiait ses attaques. Il a rappelé qu'ils pourront poursuivre l'armée congolaise sur toutes les entités d'où leurs avions décollent pour les attaquer, notamment l'aéroport de Goma et celui de Kavumu au Sud-Kivu, selon l'esprit de leur communiqué du 27 décembre dernier.  

Vue aérienne de Goma
Zanem Nety Zaidi Correspondant à Goma en RDC pour le programme francophone de la Deutsche WelleZanemNety