Retour au pays plutôt que discrimination
30 juillet 2009
Pas moins de deux directives, (deux lois) datant de juin et novembre 2000, interdisent toute forme de discriminations liées à la race ou à l'origine ethnique au sein de l'Union européenne. Ca c'est pour la théorie. Mais la réalité c'est que les jeunes issus de l'immigration ou d'origine étrangère, comme on dit, ont moins de chances sur le marché de l'emploi que les autres. Ils ont donc du mal à trouver leur place dans les sociétés de pays où ils sont pourtant nés et dont ils possèdent le plus souvent la nationalité. Ajoutez à cela une situation économique déprimée et vous avez tous les ingrédients pour la naissance du phénomène que l'on appelle le « retour au pays ».
Un phénomène minoritaire
En France par exemple, un certain nombre de jeunes Français d'origine maghrébine, décident de renter au Maroc pour trouver du travail…Et la raison tient au fait que ces jeunes garçons et filles ont souvent du mal à trouver un emploi en raison encore une fois de leurs origines. Diverses études ont montré qu'en France, un candidat dont le nom a une consonance arabe ou africaine a en moyenne trois fois moins de chances d'obtenir une réponse à une candidature qu'un candidat ayant un nom pour ainsi dire bien français. Des discriminations à l'emploi donc, auxquelles s'ajoutent des discriminations pour trouver un logement. C'est donc tout le processus d'intégration républicain qui est remis en cause pour une partie de la jeunesse française.
Et ceci explique sans doute pourquoi certains préfèrent rentrer au Maroc, au pays de leurs parents ou de leurs grands-parents,car ils considèrent que la France ne leur donne pas suffisamment de chances. A ceci s'ajoute le fait qu'un pays comme le Maroc connaît, avec notamment les délocalisations mais aussi dans d'autres branches comme les télécommunications ou le tourisme, un développement économique qui est loin d'être négligeable. Des candidats parlant à la fois l'arabe et le Français sont très recherchés par les entreprises européennes qui investissent au Maroc. Enfin, attisant le phénomène, Rabat a créé un ministère de la Communauté marocaine résidant à l'étranger dont la mission principale est d'encourager les émigrés et leurs enfants à revenir mettre leurs compétences au service du Maroc. Une manière de récupérer aussi des jeunes gens formés et éduqués sans que cela ait coûté le moindre sou au gouvernement marocain.
Restons donc au Maroc pour essayer d'évaluer l'ampleur de ce phénomène. Pour l'instant il faut bien dire que le nombre de candidats au retour reste largement minoritaire, d'ailleurs il n'existe même pas d'étude ou statistique officielle. Alors, comment analyser ce phénomène, sera-t-il durable ou bien s'agit-il au contraire d'une évolution simplement conjoncturelle ? C'est la question que nous avons posé à Barah Mikail, il est spécialiste du Maghreb et chercheur à l'Institut français des relations internationales. Il est interrogé par Jean-Michel Bos.
Turquie dynamique
Ils sont plus de deux millions et demi à vivre en Allemagne. « Ils », ce sont les immigrés turcs. Dans certains quartiers de Berlin, les vendeurs de kebabs ont depuis longtemps remplacé les vendeurs de saucisses. L'Allemagne, à partir de la fin des années 50, a fait venir par vagues successives des « Gastarbeiter », comprenez des « travailleurs invités » turcs devant participer au miracle économique d'alors et renter ensuite chez eux. Mais beaucoup d'entre eux sont restés et ont fondé une famille. Or selon une étude récente, à peine plus d'un tiers se sentiraient réellement intégrés. Une illustration de ce phénomène : 30% des diplômés d'origine turque seraient prêts à émigrer vers la Turquie. Avec pour motivations la difficulté à trouver un emploi en Allemagne, des perspectives économiques beaucoup plus accueillantes en Turquie mais aussi, une certaine nostalgie. Un reportage de Julien Mechaussie.